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NiSur la route, un homme percute un chien et doit s'arrêter à l'improviste pour réparer sa voiture. Son boitement rappelle à Vahid le son distinctif de son ancien geôlier, surnommé "La Guibole", alors qu'il était prisonnier politique.


Le lendemain, Vahid, au volant de son van, dans un accès de vengeance et d'excitation, arrive à enlever celui qu'il pense être son ancien tortionnaire. Mais le doute survient au moment de l'enterrer vivant et Vahid va chercher la confirmation sur l'identité de cet homme auprès d'anciens prisonniers politiques : une photographe, une mariée accompagné de son mari et un autre homme marginal.


Commence un road trip à Téhéran, au sein du van de Vahid, à la fois lieu de séquestration et cabinet de psychothérapie pour les cinq personnages marqués par leur passage terrible en prison. Tous en gardent des séquelles physiques et psychologiques. Tous se lancent aussi dans une réflexion sur le sort du probable tyran, père de famille et mari d'une femme enceinte.


Une des forces du film est de présenter cette troupe, dont tous les membres ont été victimes d'un régime totalitaire, dans une ambiance décalée mais encore gangrenée par la corruption. Un exemple est le comique de répétition des situations des pots de vin, donnés à la quasi totalité des personnages qu'ils rencontrent (même à la sage-femme qui a fait accoucher la femme de la Guibole).


Le film expose la cohabitation douloureuse entre les tortionnaires et leurs victimes, et questionne les possibilités de trouver justice ou réparation dans une société minée par les mécanismes d'un régime totalitaire. Le tour de force de la scène d'ouverture et la scène finale est de brouiller les pistes sur notre sens de la justice. La réponse, peut-être proposée mais pas imposée, qui se veut collective et humaine, nous laisse en suspens par la fin ouverte et glaçant qui questionne nos valeurs et notre humanité.

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il y a 4 jours

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Emilie Rosier

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