Dix heures après l'avoir vu, je ne suis toujours pas très sûr de quoi penser de ce film pour le moins atypique. Ce dont je suis sûr, c'est que je ne peux pas dire que j'ai aimé, mais je ne peux pas vraiment dire que j'ai détesté non plus. C'était... intéressant. C'était une expérience particulière, difficile à juger et donc difficile à aimer.

J'ai ressenti tout un tas de choses devant cet Under the Skin. De la fascination tout d'abord, lors de la scène d'ouverture du film, une des meilleures le composant à mon goût. Cette fascination est revenue lors d'autres scènes toutes aussi captivantes comme par exemple le moment où la deuxième victime prise dans le liquide noir rencontre la première et ce qui s'ensuit. Le concept même du film me fascine, le fait de suivre un extraterrestre joué par Scarlett qui découvre le monde au fil de diverses expériences avec des hommes est plutôt intéressant. Mais malheureusement, les scènes de la sorte qui retiennent l'attention, envoûtent et émerveillent sont beaucoup trop rare. J'ai ainsi ressenti de l'ennui, beaucoup d'ennui, j'ai souvent trouvé le temps long, voire très très long, notamment lorsque pendant plusieurs minutes on voit le personnage attendre dans son camion, le conduire, attendre de nouveau, etc... Le problème est que cet extraterrestre peut certes passer de longues heures à observer le comportement d'humains et tenter de les comprendre, mais ce n'est pas partagé par le spectateur. Lui, il est plutôt fasciné par le comportement de cet extraterrestre qui, tentant de comprendre, se met à chasser des hommes. Il est difficile de se mettre à sa place, de s'aliéner de sorte à ressentir ce que ressent le personnage de Scarlett, surtout que ce personnage ne ressent rien, n'étant que du vide à l'intérieur. Alors oui je me suis ennuyé, oui j'ai trouvé le temps extrêmement long pendant une grande partie du film. Mais c'est pas pour autant que je l'ai détesté et que tout est à jeter dedans.

Tout l'aspect sonore est, à mon goût, parfaitement adapté à ce qui se passe à l'écran (ce qui n'est en revanche pas toujours très intéressant, mais c'est un autre problème). Que ce soit lorsque cette musique étrange, sonnant presque extraterrestre elle-même, retentit ou lorsque le silence est maître, c'est toujours maîtrisé au niveau des sonorités. Ce qui est moins maîtrisé, c'est l'esthétique du film. Ça part un peu dans tous les sens, enchaînant scènes sur fond uniforme blanc ou noir et paysages de ville, de plage ou de forêt. Les scènes sur fond noir où Scarlett attire ses proies ont une certaine intensité, une certaine force. Le néant environnemental fait écho avec le néant interne à l'extraterrestre, nous emmenant dans une zone hors du temps et de l'espace. Mais si l'intensité est bien là, si on ressent bien le pouvoir qu'à l'extraterrestre sur ses proies humaines, ça reste un choix esthétique plutôt douteux. J'ai personnellement trouvé que les scènes avec de véritables paysages étaient à la fois bien plus beaux et bien plus intenses. La scène à la plage est pour moi la plus puissante et la plus terrible, loin devant les différentes personnes ramassées dans le camion pour finir avalées par un étrange liquide. J'ai trouvé beaucoup plus fort de voir l'extraterrestre observer cette tentative de sauvetage vaine et tenter de comprendre avant de tuer que le simple jeu de séduction mené avec les autres victimes.

De même, j'ai beaucoup plus aimé la "seconde partie" du film, c'est-à-dire à partir du moment où l'extraterrestre tente de se séparer du vide à l'intérieur, de ressentir quelque chose, que ce soit un gâteau au chocolat, un programme télévisé ou bien le sexe. J'ai bien aimé la promenade dans la forêt, la tentative de se trouver, de ressentir qui se soldera par un échec et par la mort de l'extraterrestre. C'est plutôt beau, c'est fascinant, on se plaît à observer cet extraterrestre en pleine crise identitaire. Sauf que cela arrive bien trop tard, on est déjà fatigués depuis un moment avec toutes les longueurs précédentes. Car le personnage de Scarlett n'est pas la seule chose à être vide à l'intérieur non, à force de chercher la simplicité et le minimalisme à tout prix, le film-même s'est transformé en coquille vide, à l'instar de son personnage. Ainsi, la même scène est répétée trois fois, n'étant déjà pas bien passionnante la première fois, elle ne l'est pas non plus les fois suivantes. Je trouve ça quand même paradoxal que dans un film qui se veut épuré au maximum, on retrouve trois fois la même chose. Glazer s'amuse à déshabiller Scarlett sans arrêt et sans que ça n'ait le moindre intérêt (si ce n'est la voir nue diront certains, mais la plupart du temps on ne voit quasiment rien et personnellement elle me fait plus flipper qu'autre chose). Le vide se retrouve dans l'intrigue, totalement absente du film. Je veux bien qu'on laisse des choses libres à l'interprétation, qu'on laisse le spectateur se triturer le cerveau sans comprendre ce qu'il vient de voir ou le sens, mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas mettre d'intrigue; A vouloir être trop subtil, plus rien ne subsiste et, sans base, le spectateur ne doit plus interpréter mais bien imaginer et faire le boulot de scénariste à la place de celui-ci. Et je ne parle même pas des scènes totalement inutiles et dénuées de sens dont on se serait aisément passés. On veut se faire hypnotiser par l'extraterrestre, mais malheureusement ça ne prend pas.

Je ne sais toujours pas trop quoi penser d'Under the Skin, mais je dirais que ça penche plus vers le "j'aime pas" que le "j'aime", les points positifs étant rapidement éclipsés par le vide général du film et l'ennui qu'il procure pendant la plupart de la durée de celui-ci. C'est éventuellement un film à voir une fois dans sa vie car, sans être indispensable, il reste intéressant, mais en ce qui me concerne je ne le reverrai probablement jamais. Par contre, j'ai bien envie de lire le livre que le film a adapté, parce que ça m'intrigue.

Ou alors, je n'ai vraiment rien rien compris au film et le but du personnage joué par Scarlett était de s'introduire au cinéma et de tuer d'ennui les spectateurs dans un but purement scientifique. Peut-être.
Ripper-

Écrit par

Critique lue 428 fois

2

D'autres avis sur Under the Skin

Under the Skin
Rawi
8

Poème érotique

Le film s'ouvre sur un oeil, un regard qui se forme, une langue qui se prononce maladroitement. Fond noir ! L'intérêt majeur de cette adaptation est son ACTRICE principale. A la fois très connue,...

Par

le 4 juil. 2014

129 j'aime

33

Under the Skin
Marthe_S
5

Une eau peu profonde

"C'est une eau peu profonde", dit un personnage de Claudel à propos d'un autre personnage, qui manifestement lui semble idiot. J'aurais voulu trouver une formule aussi mordante pour donner mon avis...

le 1 juil. 2014

120 j'aime

19

Under the Skin
Velvetman
10

L'habit ne fait pas l'humain

Under the skin est un film indéfinissable, parfois indéchiffrable. Un point lumineux s’agite autour de formes obscures. La musique se fait assourdissante, se pose alors devant nous, une sorte de...

le 2 févr. 2015

94 j'aime

9

Du même critique

La Nuit du chasseur
Ripper-
5

Love & Hate, mais surtout Hate.

La Nuit du chasseur. Beaucoup de choses m'ont poussé à regarder ce film alors que je n'ai pas tellement l'habitude de regarder des films aussi vieux (un peu plus d'un demi-siècle, c'est pas rien...

le 30 janv. 2013

36 j'aime

1

Crash Bandicoot
Ripper-
9

La naissance d'un mythe.

Oui, je pense vraiment ce que je dis. Non, je n'exagère pas. Je voue un véritable culte à ce jeu (et aussi les 2 épisodes suivants), sûrement l'une de mes séries préférées de toute l'histoire du jeu...

le 29 oct. 2010

22 j'aime

8

Stellaris
Ripper-
9

MAKE SPACE GREAT AGAIN

Critique complète sur GameSideStory. C'est un peu trop long pour tout copier, du coup j'ai mis des extraits qui résument plus ou moins. Je vous conseille plutôt de lire ça, c'est plus joliment mis en...

le 9 mai 2016

18 j'aime

4