Quand Scarlett s'éloigne d'Hollywood

Under the Skin est un film expérimental basé sur les ressentis et émotions de chacun. L'histoire est simple mais non des plus classiques. Une forme de vie extraterrestre arrive sur Terre sous l’apparence d’une femme (jouée par Scarlett Johansson) et séduit des hommes avant de les faire disparaître. Et c’est au travers d’un tel synopsis que ce film, ode à la vie, explore les relations humaines et sociales par le biais du regard froid et distant d’un extraterrestre tout en décrivant les aventures de cette créature qui va graduellement découvrir le spectre humain des sens et des émotions tels que la peur, l’amour, le désir…

L’impressionnante direction artistique de Jonathan Glazer permet à cette œuvre de captiver grâce à un sublime mais abstrait univers visuel. L’incroyable rareté des dialogues et l’omniprésence des silences, entrecoupés par l’exceptionnelle mais insidieuse et hypnotique musique de Mica Levi (que l’on pourrait croire inspirée de Lux Aeterna de 2001 : l’Odyssée de l’Espace), donne à ce film un aspect discordant qui plonge le spectateur dans une transe hypnotique.

Under the Skin consiste en une profonde réflexion sur les Hommes et sur la découverte de soi-même, transcendant ainsi l’expérience filmique. En effet, ce mystérieux personnage découvre le monde qui l’entoure ainsi que son corps, effaçant petit à petit son insensibilité en explorant certaines sensations. D’abord sexuelles puis la souffrance. En somme, elle s’humanise. Après Her (Spike Jonze, 2013), Scarlett Johanssen interprête le chemin de la perfection artificielle vers l’humanisation et donc l’imperfection humaine.

Ce film s’éloigne des clichés du genre. En effet, le scénario pourrait au premier abord s’apparenter à un film de science-fiction classique mais cette portion de film est totalement secondaire. Il n’y a dedans ni jugement moral, ni personnage bon ou mauvais. Juste des êtres expérimentant les émotions.
Finalement, ce film nous fait découvrir des visions oniriques de Glasgow où la masse humaine fascine le personnage principal mais aussi le spectateur, démontrant une analyse sociale du quotidien des vies humaines.

C’est un film sensoriel avec deux esthétiques différentes : une partie documentaire où le personnage principal fait face à l’humanité et une seconde partie à l’esthétisme encore plus soigné, celle de l’univers de cet être extraterrestre.

Ce film est un incontournable qui heureusement change des classiques hollywoodiens et qui devient rapidement une expérience cinématographique philosophique et surtout, unique.