Under the skin fait incontestablement partie de ces films qui déroutent profondément son spectateur, frôlant les portes du cinéma expérimental et divisant la critique, comme toujours... Mais pour une fois qu'à propos d'un film qui déchire j'appartiens au camp de ceux qui l'ont adoré, je ne me priverais pas d'un petit commentaire sur celui-ci. Nous plongeant dans l'univers angoissant d'une race extraterrestre venue nous posséder, ce petit bijou suit la sublime Scarlett Johansson dans son véhicule à la recherche d'hommes à enlever. Après avoir vu la création du monstre, le spectateur contemple la prédatrice dans ce monde qui lui est inconnu et qu'elle observe tout d'abord avec une grande froideur. Pour parvenir à ses fins, l'équipe à eu l'intelligence d'opter pour un regard très proche du documentaire, créant alors excellemment l'atmosphère que le film cherche à adopter. Dès lors, on ne pourrait qualifier cette œuvre à l'esthétique particulièrement léchée de clipesque dans la mesure où sa forme est au service du fond. Une telle expérience sensorielle rapproche alors le spectateur de ce que peut ressentir cet être venu d'un autre univers, cherchant à comprendre ce qui se passe devant ses yeux, plus ou moins maladroitement, au même titre que le spectateur encore happé réfléchit à ce qu'elle peut penser. Bercé par sa magnifique musique, celui qui a pu entrer dans ce domaine se plaît à analyser tous les faits et gestes de cette Scarlett désenchantée. Questionnant alors tous ces hommes en faisant fréquemment preuve d'indiscrétion, sa plastique féerique parvient à les attirer dans le piège de son monde lugubre et fermé, créant parmi les plus beaux passages ici filmés. Ainsi, naviguant de manière robotique jusqu'à tomber nez à nez avec un homme au visage déformé, la protagoniste va tenter de s'imprégner des individus qu'elle côtoie désormais. Voulant s’engouffrer dans des expériences propres à l'humanité, elle terminera son périple en tant que proie chassée, renversant alors ironiquement son statut d'être fatal assoiffé de gibier. Mais cette fin constitue mon unique bémol puisque, adoptant drastiquement le registre de l'angoisse, elle provoque un débarquement émotionnel disproportionné et, au premier abord, absurde. Froideur esthétique sublime et quête pour conquérir (selon ses différentes acceptions) l'humanité, voilà comment pourrait-on résumer ce film de science fiction que j'ai, vous l'aurez compris, particulièrement aimé. Du fait de parti-pris particuliers, il est bien normal qu'on en arrive à cet avis général mitigé... Tout est une question d'adhésion préalable assez complexe à comprendre et analyser.

MonsieurBain
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le 9 juil. 2016

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MonsieurBain

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