Plateforme sous-marine menacée par des créatures aquatiques pas très hospitalières.

C’est ainsi que je commence mon année 2020 en matant cette série B aquatique très bien structurée dans son ensemble, que ce soit côté technique, visuel et celui du scénario. De base, je ne m’attendais à rien de particulier et finalement, j’ai été agréablement surpris pendant le visionnage. Underwater est une production qui a l’allure d’un bon film horrifique américain néanmoins, la formule cinématographique n’est pas celle qui est couramment employée dans les films de même genre et tournés à Hollywood. Dès le début, le réalisateur entraîne avec hardiesse son public dans le feu de l’action. Juste à peine deux minutes de visionnage et de tranquillité profonde, c’est tout de suite les problèmes qui s’annoncent. Si on peut dire une chose sur le metteur en scène, c'est qu'il ne perd pas son temps, ni son argent.


Avant que le dénouement se met en place, le cinéaste capte redoutablement notre attention avec une musique assez électrisante et surtout avec une séquence effarante de la taille impressionnante de la base sous-marine. Si une équipe d’employés doit absolument remonter à la surface sans moyens de transport, on comprend tout de suite que la tâche ne se fera pas aussi aisément, surtout si tout se décroche, se dégringole ou se noie à travers leur chemin. Je ne connais pas beaucoup le réalisateur, je n’ai pas vu un seul de ses films mais une chose est sûre, il voulait vraiment se démarquer de ses semblables car il n’applique pas un point qui se fait très souvent dans les productions, la présentation des personnages. Dans ce long-métrage, il n’a aucune présentation des protagonistes. Comme je l’ai dit, l’action démarre après deux premières minutes de visionnage et même pas progressivement, comme ça d’un coup, sans crier gare.


Pour bien connaître les personnages et savoir de quoi ils sont capables pour survivre dans une situation désastreuse, il suffit de ne pas quitter les yeux de l’écran, c’est pendant tout le long-métrage qu’on apprend à les connaître, en fonction de leur réaction, leur comportement, leur expertise et particulièrement leur caractère. Bien évidemment, on remarque pas mal de clichés comme le noir qui se fait tuer le premier ou une jeune femme qui n’hésite pas à balancer des croyances religieuses comme bon lui semble. Bien que je ne l’aie pas vu dans la nouvelle version de Charlie's Angels, Kristen Stewart est très étonnante dans son rôle à contre-emploi, son physique d’ingénieur viril binoclard et sa forte implication font d’elle une présence héroïque tout à fait satisfaisante sur le grand écran.


Le reste du casting l'est tout autant, avec un Vincent Cassel qui développe en toute conformité une image de leader responsable et un T. J. Miller qui aime bien créer une bonne ambiance collective en balançant toutes sortes de conneries amusantes, un peu le même genre de rôle qui tient dans les Deadpool. Outre ce casting bien dirigé dans l’ensemble, on sent que le metteur en scène s’est inspiré d’œuvres cinématographiques ou ludiques pour créer son environnement aquatique inquiétant et cauchemardesque, à savoir les films d’Alien, le livre 20 000 lieues sous les mers et également des jeux vidéo classés dans le genre épouvante. William Eubank compose sa mixture en reprenant des œuvres qui ont connu le succès, sans forcément en faire trop, son but principal était de créer une nouvelle expérience, de développer sa vision des choses et de casser toute logique vue et revue dans les films d’épouvante et ça se ressent dans pratiquement toutes les scènes.


Il aime faire traîner les choses, il nous fait poser des questions, il nous balance des jumpscares pendant les scènes les plus inattendues du film, il joue sur nos nerfs, tout en maintenant une tension qui se marie très bien avec le choc et la peur. William Eubank exploite tous les éléments possibles avec ingéniosité pour maintenir un suspense entraînant et payant, sans nous dévoiler en toute exactitude les créatures rodant dans les environs de la base sous-marine. Pas évident de se faire une idée des monstres qui débarquent d’un coin à un autre, les images dans l’eau ne sont pas claires, il y a un manque évident de luminosité dans les images, les attaques sont assez brèves et les personnages n’ont pas d’armes pour les combattre. C’est clair que cela peut apporter de la confusion, on aimerait bien savoir d’où elles viennent et pourquoi elles sont particulièrement virulentes.


Personnellement, cette vision ne m’a pas dérangé, bien au contraire, cela m’a obligé à garder les yeux grands ouverts, d’autant que les créatures nous réservent bien des surprises diversifiées pendant les attaques. Même avec le peu d’expériences qu’il a acquis autant que metteur en scène, William Eubank maîtrise aussi bien son sujet que la caméra. C’est bien structuré narrativement et la caméra bouge plus ou moins intensément en fonction de la gravité et de la dangerosité des moments belliqueux. Quant aux effets spéciaux, c’est bien conçu et c’est bien intégré dans le long-métrage, de même pour le montage des décors qui est assez impressionnant à voir. Ce n’est pas du Steven Spielberg, ni du Peter Jackson ou du Ridley Scott mais William Eubank s’est montré capable de créer un film horrifique asphyxiant et méritoire à voir, un bon film série B qui nous frisonne de peur à tous les coups, comme on les aime. 7/10



C’est la pire idée du siècle mais on va quand même le faire !


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le 5 févr. 2020

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LeTigre

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