Que reste t-il de la franchise Underworld hormis le vieillissant et classieux Charles Dance et Kate Beckinsale sinon une atmosphère gothique sophistiquée (de plus en plus artificielle même), du latex, des flingues, des flingues, encore des flingues, quelques épées, et une image sombre, triste, une forme de lassitude contagieuse de l'héroïne.


Plus les opus passent et plus se fait prégnante la sensation d'un budget en peau de chagrin. Effets spéciaux (pré) visibles, certaines redondances pénibles du coté des dialogues ("Ah ce cher Thomas/ameline/Dingo/mickey/ObiWanKenobi cela fait longtemps que je ne l'ai pas revu - à quoi s'ajoute au choix - des années/décennies/décades/siècles...") surtout pour les interactions entre les vampires aînés, souvent les mêmes schémas (Sélène est bannie/pardonnée/trahie/vengeresse) avec des acteurs de moins en moins charismatiques. David est fade, Marius est de passage, le prochain opus nous proposera un autre antagoniste aussi viril, poilu, surdimensionné et finalement détruit, et la méchante de service aurait été jouée par Eva Green (nous héritons d'une actrice pas désagréable qui lui ressemble furieusement) qu'au moins nous aurions eu des seins et un soupçon de vice ( le vampire d'Underworld est SM et aime la luxure facile, tout le contraire de la finesse du Vampire tel que vu par Neil Jordan en 1994).


Car le film manque cruellement de matière. Une assemblée nordique arriérée se battant comme au temps des vikings dont on ne présente rien sinon quelques ébauches de matériel non développés (Mysticisme, monde parallèle, des cheveux blancs, de la fourrure, beaucoup de fourrure), un énième manoir que l'on investit comme une soirée projet X ... là où les opus précédents essayaient d'établir des connexions assez nuancées entre Lycans, Vampires, Humains, abordaient l'évolution de l'armement, les chroniques des temps passés.


Le film manque surtout de cohérence. On cherche de toutes parts la fille de l'héroïne sans jamais la voir, ni avoir le moindre suivi de son devenir depuis la fin de l'opus précédent. Un tel trahit, une autre trahit, pourquoi, pour qui, comment, le scénario s'en cogne, tout comme nous nous cognons bien - pense les studios pour qui le spectateur est considéré comme un consommateur pas comme un être réfléchi - de savoir comment Sélène échappe à la mort, ce qu'elle voit, ce qu'elle vit. Bref nous sommes sur un quai à voir passer un train, et à se dire mais où est la suite promise ? Le quatrième opus, ses révélations, les êtres surnaturels, la recherche génétique militaire, hein, youhouh il y a quelqu'un derrière la machine à écrire?


Exemple d'incohérences, au sein même du scénario propre à cette suite? Exemple n°1, les vampires nordiques ont les cheveux très longs et blancs quand ils ont tenté l'expérience d'un monde parallèle par la grâce de l'ingestion d'on ne sait quel poison. Habillés tous de blanc, ces vampires semblent baigner dans une sagesse et une lenteur de mouvement particulières. Les champignons venus du froid doivent dévitaliser le cheveux et servir de puissant anxiolytique, le vampire principal de cette assemblée de suceurs de sang pacifistes (il faudra nous expliquer comment ils récoltent le sang dès lors) est chauve. C'est ballot. Et quand Sélène fait l'expérience d'une EMI (mort imminente) avec un petit voyage dans l'au delà sous champi, elle nous revient aves des épaulettes en fourrure de blaireau des neiges avec les pointes de cheveux décolorées, couleur affreuse que seules des ados mal dans leur peau osent au Lycée en sus du célèbre anneau de rebelle dans le nez. C'eut été trop dur de nous l'a rendre blanche comme une morte à la tignasse allongée intégralement incolore? Elle aurait eu de la gueule.... mais aurait du porter la perruque pour toutes les suites à venir. Exemple n°2: Depuis quatre films, les actions d'un vampire sont passibles de jugement devant une cour de pairs. Ça palabre, ça palabre, ça juge, parfois sans une once de preuves tangibles, en se basant sur l'habilité rhétorique du prévenu. Mais là point de jugement long et sentencieux, non on se lèche les croutes, on hume le sang et ainsi les souvenirs du propriétaire de ladite goutte de sang révèlent tous ses secrets. D'où une scène surréaliste où un vampire allègue un statut. On en doute, on le défie, il présente une goutte de sang. Coup de langue, coup de naseaux, flash collectif, c'est bon le quidam a convaincu ses pairs le tout en 10sc envoyés comme un burger au fast-food. Un film où les langues sont bien pendues entre deux lignes de dialogues ineptes. Ridicule, et tellement en dehors de l'univers jusqu'ici avancé. Deux exemples parmi tant d'autres.


Plus globalement il y a t-il quelqu'un derrière la caméra? Filmé avec les pieds, une photo sombre à la limite de l'illisible, des coupures, des ruptures dans le montage assez grotesques (Marius se bat dans un couloir et hop dans la seconde suivante plan sur la méchante qui s'est libérée dans une autre pièce sans aucune connexion avec Marius et hop troisième seconde retour sur Marius... non mais c'est quoi ce montage?), des combats filmés par un stagiaire, lisibilité des déplacements proches du néant, une avalanche d'effets numériques pas toujours réussis. Le summum, une scène de retraite des Lycans qui s'avère être une séquence numérique de deux secondes rebootées trois fois! On me sussure dans l'oreille que la responsable est Anna Foerster pourtant sur les effets spéciaux de Godzilla en son temps, Pitch Black, dans les équipes techniques du Jour d'après, 10 000, et ....et..... en fait cette dame était dans la SECONDE EQUIPE de tournage, celle qui tourne les plans additionnels, remplis les vides et refait quelques scènes pour la photo sans avoir à se soucier de la direction d'acteurs, ceux ci étant absents. Ah oui.... et ... hein..... elle a été de l'équipe qui a tourné Alien Ressurection !!!!
LE Alien honni de Jean-Pierre Jeunet celui où les zooms incessants et les gros plans se disputaient la palme de l'insupportable avec le cabotinage effroyable de Dan Hedaya, le comique général Martin Perez... je crois que tout le monde comprendra l'une des causes du naufrage, quand un réal' s'illustre comme doublure du cinéaste qui a coulé la franchise Alien et comme responsable des effets spéciaux d'un film comme Godzilla qui fut l'une des plus grosses vestes critiques de Roland Emmerich en pompant allègrement sur le travail de Spielberg sur Jurassik Park cinq ans auparavant....


Par pitié ne faites plus de suite, pas si c'est pour nous perdre dans une histoire déjà étirée au possible, et pour, de film en film, descendre en gamme !


03/10 grosse déception

A3T1U5
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le 4 avr. 2017

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