De prime à bord, cette famille Shibata n'a rien d'exceptionnel à raconter. Les hommes du ménage vivent de petits larcins (c'est d'ailleurs le sens du titre du film en VO : Manbiki kazoku, « La famille des vols à l'étalage »), la femme travaille dans une blanchisserie, la vieille dame vit d'une rente et se coupe les ongles des pieds et la plus jeune femme vend ses charmes dans un peep show. Ces cinq-là, bientôt rejoints par un sixième personnage au destin encore plus pénible, survivent comme ils peuvent dans un taudis d'une grande ville japonaise. Malgré cette existence presque misérable, chacun semble heureux, à sa place, dans cette famille.
Au fur et à mesure qu'on découvre son histoire singulière, on s'attache à tous ses membres qui nous montrent que la famille n'est pas qu'une affaire de sang. En plus d'interroger sur le sens de la structure familiale, Hirokazu Kore-eda nous plonge dans un Japon précaire qu'on n'a pas l'habitude de voir, loin des gratte-ciels, des métros futuristes et de la technologie moderne, quasiment absente du film. Ce qui frappe, c'est la dualité entre l'indigence dans laquelle vivent les personnages et la richesse intérieure qu'ils partagent. Celle-ci est illustrée à merveille dans ce plan fixe où la famille au complet lève les yeux au ciel pour contempler un feu d'artifice qu'elle ne voit pas, qu'elle entend seulement. Malgré tout, elle est heureuse.
Une affaire de famille est un film émouvant, beau et optimiste.