Scindé en deux parties, se déroulant sur dix années d’intervalle, Une déflagration repose sur un dispositif ordinaire consistant à mettre en parallèle l’histoire d’une femme avec celle de son pays, en l’occurrence la Grèce. On saute d’une temporalité (2004) à l’autre (2014) en permanence, sans doute pour donner un rythme particulier mais ça n’offre rien de plus qu’un montage lourdingue, exténuant. Son sujet, double, fonctionne lui aussi sur une analogie d’une grande subtilité : La famille de Maria, mère de trois enfants qui souffre de l’éloignement physique de son mari – Il travaille sur un cargo pendant plusieurs mois – se trouve confrontée à un important problème fiscal, tandis que la crise économique divise le pays tout entier.


 Il faut que tout soit déréglé. Afin de combler son manque, Maria va mater des pornos dans un cyber café. Sa sœur se laisse séduire par un néo-fasciste (qui accroche chez lui des croix gammées en étendard : Oui, c’est très fin) tandis que sa mère, handicapée, préfèrera mettre fin à ses jours. Son mari trompe l’ennui en couchant avec une prostituée puis avec un collègue matelot. Un vieil homme fou le feu à une forêt dans laquelle se sont réfugiés des migrants. Et Maria, dont on comprendra bientôt qu’elle est malheureuse sans explication apparente autre que la distance d’avec son homme et la situation accablante du pays, se persuade de la vacuité de sa vie, décide de ne plus revoir les siens, enfants compris et prend la tangente. On est trop dans le film concept, moitié choral, moitié grosse métaphore, pour être touché par quoi que ce soit de ces bouleversements intimes, de ces destins brisés.
Si le film est en quête d’une intensité qu’il ne parvient jamais à insuffler, il y a pourtant une certaine énergie qui perce parfois à défaut d’être surprenante, une violence traduite par des relations électriques au sein de la famille et un appétit sexuel démesuré. Les scènes de cul, malheureusement, s’exposent constamment vulgairement, on a sans cesse l’impression qu’on est dans la pose pour choquer le chaland. Ça aussi il y avait moyen de le traiter autrement plus subtilement. Quant aux personnages, ils sont tous parfaitement antipathiques. Et chaque séquence, minuscule, est relayée par une autre, dans un climat épileptique qui pèse une tonne, j’ai horreur de ça. Heureusement que ça ne dure qu’1h20.
JanosValuska
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le 21 juil. 2018

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