Torah Torah Torah

Huit ans après "Witness" de Peter Weir, qui plongeait un flic au sein de la communauté amish, Sidney Lumet reprend le même concept, adapté cette fois à la communauté juive hassidique.

L'héroïne interprétée par Melanie Griffith est une fliquette un peu borderline, qui ne rechigne pas à la jouer solo et à dégainer son flingue plus que de raison ; de plus, notre Emily est une femme libérée, qui privilégie le sexe à la romance, et préfère les histoires sans engagement.
Autant dire que sa confrontation avec les nombreuses règles quotidiennes du hassidisme ne manquera pas de provoquer quelques étincelles…

Le problème de "A stranger among us" est son statut hybride : il s'agit en principe d'un polar, mais Lumet ne semble s'en souvenir qu'à 20 minutes de la fin, lorsqu'Emily est soudain prise de divination et réalise subitement qui est le coupable du meurtre initial, alors que ses investigations semblaient au point mort depuis un bout de temps - Lumet préférant décrire les diverses coutumes et cérémonies hassidiques.

Un aspect évidemment digne d'intérêt, mais présenté sur un rythme vraiment paresseux, et surtout combiné à une romance naissante entre l'héroïne et l'un des membres de la collectivité. Même si Lumet traite son sujet avec pudeur, l'impression persiste que ces différents éléments se marient assez mal.

D'autre part, le regard posé sur les Hassidim est bienveillant, voire angélique : ainsi, les problématiques plus clivantes ne sont jamais évoquées, à l'image de la question de l'argent ou du rapport aux autres communautés, totalement éludées.

Malgré sa construction bancale et sa photo veillotte, "A stranger among us" reste plutôt agréable à suivre, notamment grâce à une distribution convaincante, au sein de laquelle on est heureux de croiser James Gandolfini (premier rôle au cinéma), et surtout la trop rare Mia Sara, toujours aussi délicieuse. Simplement, il s'agit de l'une des œuvres les plus faibles de Sidney Lumet, sans doute trop focalisé sur son portrait de groupe pour lui offrir un écrin narratif à la hauteur.