Benoît Poelvoorde en curieux personnage, qui entre romantisme déchu et autisme forcené; François Morel en absurde majordome, et Virginie Efira en mère désoeuvrée, le trio est parfait pour mener la danse dans cette singulière satire, qui s'attaque à un socle de notre société, à un fondement inébranlable du Saint-Empire Occident: la famille. La famille, cette farce grotesque, plaidée par les uns comme un sacrement, honnie par les autres, demeure le foyer des plus grands bonheurs mais aussi des plus viles hypocrisies. A travers l'incongruité de ce couple, Jean-Pierre Améris réussit le pari de nous embarquer dans une histoire touchant aux limites: les limites du pathétique, avec cet homme profondément triste et seul, les limites du grotesque, avec cette femme rustre et livrée aux plus basses besognes, et du burlesque avec ce majordome vagabond et oisif. Un mélange parfait entre comédie familiale et comédie absurde, qui n'est ni adressé aux enfants ni aux amateurs de films d'auteur. Juste entre les deux. Du rire (sans trop en faire), de la frustration (accentuée par une mise en scène volontairement sobre) et de l'espoir. Car cette famille, contre toute attente, sera plus unie et authentique que des milliers d'autres sur Terre. Les enfants du couple farfelu sont d'ailleurs les premiers indicateurs , comme souvent, du bien-être familial, ici retrouvé grâce à l'arrivée de l'étonnant Paul-André alias Poelvoorde.