Petit film noir que j'ai eu l'opportunité de découvrir sans trop savoir à quoi m'attendre. Verneuil et Demongeot sont les deux éléments qui ont attiré mon attention. Je ne savais rien de sa qualité, ni même de son sujet, si ce n'est son genre. Je m'attendais à un peu plus d'action, mais en gros c'est avec peu d'a priori et une curiosité tout simple que j'ai entamé ce visionnage.

Très vite, j'ai eu peur d'assister à un remake de "Sunset Boulevard", mais les prémisses du film laissent ensuite le scénario développer une trame bien différente. Sans parler de la profondeur du propos ou de la qualité esthétique affichée. Cela reste un bon petit film, peut-être un peu trop longuet.

Sans grande surprise, l'histoire est des plus classiques et joue sur les clés du genre : la fatalité, le pognon, la garce, la trahison, le crime parfait, l'échec, etc. S'il n'y aucune surprise, cela se suit sans heurt.

Les décors de Jean d'Eaubonne sont assez joliment agencés. Ils offrent un cadre opulent que la photographie de Christian Matras aurait presque pu rendre flamboyant voire majestueux.

La mise en scène d'Henri Verneuil reste ordinaire. A part quelques idées bien maîtrisées, le cinéaste s'en tient à une réalisation trop sage. Sa mise en forme aurait pu être plus pétillante. Il ne prend pratiquement aucun risque, c'est triste. Tout cela est fort correct, mais jamais original.

Les comédiens ne sont pas extraordinaires non plus. Henri Vidal n'a pas un charme phénoménal, ce n'est pas une découverte, m'enfin, c'est toujours un peu navrant, d'autant qu'il a joué dans de nombreux films intéressants. Acteur demandé... je m'interroge encore sur les raisons d'un tel succès. J'aimerais bien avoir un petit aperçu de son talent, je n'y parviens jamais. Son travail est sans éclat, sans être merdique non plus. Moyen comme à l'habitude.

Mylène Demongeot joue l’ambiguïté avec un certain charme. Même si elle me parait un peu en deçà de ce qu'elle donnera un peu plus tard. Manque d'expérience et de confiance en soi sans doute. Son minois n'est pas que joli, elle parvient à jouer la duplicité, une certaine forme de perversité sur la deuxième moitié du film.

Isa Miranda a un rôle plutôt émouvant, jouant une femme en manque d'affection et misant gros sur son dernier coup de cœur. Plus dure pourrait être la chute.

Alfred Adam clôt la distribution principale avec un personnage qu'il connait par cœur, jovial, pince sans rire, clope au bec et allure débonnaire, mais pas aussi con qu'il en prend l'air.

Ce film n'a pas marqué les esprits, et pour cause! Trop banal. Sans percussion. De Henri Verneuil à Mylène Demongeot, on retiendra bien d'autres films. Que celui-là soit mineur n'empêche pas qu'il demeure agréable à voir. Plaisir sans souvenir, gentiment gentil.
Alligator
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le 7 mai 2014

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