Voici l'histoire d'un artiste de la mathématique et de la physique, Stephen Hawking, qui, de sa conscience de l'univers tire des hypothèses remarquables sur la cosmologie, et dont le corps n'abat ni le coeur ni l'esprit, décontenançant bien des conjonctures.

Tout est affaire de temps : de son sujet d'étude sur l'origine du temps, à sa décadence physique du fait de la maladie de Charcot, jusqu'au relâchement amoureux de celle qui a su l'aimer dans tout ce qu'il allait perdre.

Il m'a semblé découvrir quelque chose du handicap que je n'avais pas encore vue. L'idéalisme qui habite le héros, car c'en est un, touche au prodige. Malgré ses difficultés motrices de plus en plus incommodes et l'étiolement de sa parole, d'observer que son élan à penser et à transmettre demeure intact m'a fascinée plutôt qu'émue.

Bien entendu il y a des moments d'un prégnant désespoir au long du film : la scène de l'escalier m'est spéciale. Mais toujours cet étrange optimisme, du génie en désir de donner avant que la lumière ne s'éteigne là-haut, revient nous enjoindre à l'admirer plutôt que d'éprouver à son égard de la pitié.

Ce balancement constant de la tête à la chair gifle violemment le dogmatisme cartésien. Ici le corps n'abaisse pas l'esprit, il m'apparaît plutôt que le handicap encourage le travail savant, résolument, lui qui était brillant mais paresseux. Hawking en devient remarquable parce qu'il ne se laisse pas départir par ses difficultés d'élocution. Sa maladie ne revêt pas la symbolique du drame puisqu'il travaille de concert avec son esprit à nous faire appréhender l'héroïsme de sa personne.

De même pour l'essoufflement amoureux : la compréhension raisonnée et bienveillante du héros mouche la pitié présomptive que l'on pourrait éprouver lorsque sa femme, jusqu'alors d'un dévouement naturel et léger envers lui, exprime son désir d'un autre homme.

La récompense octroyée à Eddie Redmayne aux Oscars n'est pas volée. Son interprétation lunaire du jeune étudiant qui peu à peu voit ses pas se déformer et ralentir, et son visage grimacer des sourires picassoesques, ne tombe jamais dans le pathos et permet ainsi d'élever haut l'élégance de ce scénario.

Prenez le temps d'applaudir l'exemplarité d'Hawking, et surtout ne le perdez pas, sous quelque prétexte que ce soit, en renonçant à faire ce pour quoi vous êtes aujourd'hui au monde.

Pour les pessimistes, afin qu'ils ne le soient plus.
Verlaine
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le 27 févr. 2015

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Verlaine

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