Avant de devenir un grand réalisateur, Quentin Tarantino été comme nous, un gros bisseux bedonnant qui matait des films parfois bourré dans son studio de 20m², enchaînant les VHS pour satisfaire son appétit culturelle pantagruélique et insatiable. Regarder des films, c’était son école de cinéma à lui. L’homme correspond parfaitement au mythe de la succes story à l’américaine : un moins que rien parti de rien qui travaillait comme projectionniste dans un cinéma. La pomme ne tombe jamais loin du pommier et si les pédophiles se font curé, Tarantino se fera conseiller dans un vidéo club de L.A pour se rapprocher d’un peu plus près de son rêve. Pour tenter de s’élever de sa condition de prolo qui ne faisait pas franchement rêver les filles, il s’est mis à écrire des scénarios largement influencé par ses films préférés. Mais plutôt que de se fixer à reproduire les codes et stéréotypes d’un genre, il préférera mêler l’ensemble de ses inspirations artistiques dans un gloubi boulga régurgité et multi référencé, en accordant toujours une place prépondérante à la continuité dialogué grâce à la richesse du cinéma français et de son meilleur parolier en la matière : Michel Audiard. En résulte cette passion pour des dialogues tarabiscotés et élevé au rang d’art qui vire parfois aux règlements de comptes violents entre personnages. Le scénariste comprend que les mots sont comme des poignards pouvant avoir un effet plus impactant que n’importe quelle scène d’action conventionnelle s’ils sont manipulés avec soin et récité par des acteurs talentueux, d’où des performances qui se rapproche le plus souvent des planches.
Une Nuit en Enfer est né d’un traitement de Robert Kurtzman, make-up artist réputé dans le métier notamment pour ses maquillages et effets spéciaux dans Evil Dead 2, Predator, Jason va en enfer et même Freddy sort de la nuit. Tarantino en tire un scénario complet à la demande de ce dernier et en l’échange de sa collaboration sur Reservoir Dogs. Déjà bien occupé par ses propres projets, le scénariste confit la réalisation du projet à son compère Robert Rodriguez qui commence à se faire un nom à Hollywood grâce au succès critique et financier de Desperado, même s’il n’est pas question pour lui de se tourner les pouces sur le banc de touche puisqu’il interprétera le rôle de Richard Gecko le frère psychotique de Seth qu’incarne George Clooney qui avait alors du mal à percer dans le cinéma malgré sa popularité dans la série Urgences. À peine sorti de prison, les deux frères entament une croisade meurtrière en direction du Mexique après avoir braquer une banque, fait exploser un liqueur store et massacrer civiles et policiers. Des criminels impossibles à réhabiliter dans la société surtout dans le cas de Richard que Seth peine à contrôler dès qu’il a le dos tourné. Afin de passer le barrage à la frontière incognito, les deux évadés s’infiltrent dans le camping-car d’une famille qu’ils vont prendre en otage. "Amis de l’aventure, l’aventure nous appelle !" On reconnaît bien là l’affection de Tarantino pour les films de gangsters, et ce qui lui donne enfin l’occasion d’aborder le road movie providentiel de La Balade Sauvage, des Bonnie & Clyde et autres Thelma et Louise, mais rien ne nous aura préparé à la rupture de ton intervenant en milieu de récit. La famille recomposée fait alors un arrêt dans un bar mais quelque part dans cette soirée délurée, les choses vont complètement dérailler…
Une nuit en Enfer se transforme alors en pur survival dans le décor cloisonné du Titty Twister. En bon fan boys de John Carpenter, Tarantino & Rodriguez imagine une lutte engagé dans un cadre de plus en plus resserré ce qui leur permet d’accentuer la tension et la paranoïa ambiante à mesure que les noctambules assoiffés de sang et de chair fraîche envahissent le champ et contaminent les protagonistes de l’histoire. Parmi eux, on retrouve Harvey Keitel dans le rôle du pasteur ayant perdu la foi, Fred Williamson légende vivante du cinéma Bis et de la Blacksploitation interprète un vétéran du Vietnam qui ennuie tout le monde avec ses souvenirs de combat, quant à Tom Savini concepteur des maquillages et effets spéciaux du film, il en profite pour incarner le rôle d’un loubard ce qu’il avait auparavant esquissé dans le Zombie de Georges Romero auquel le film n’a rien à envier niveau gore et excès sanguinolents. Les derniers survivants devront s’organiser pour contenir l’invasion à grand renfort de capote rempli d’eau bénite et de balles divine. Les fans ne manqueront pas de remarquer les nombreux clins d’oeils appuyés aux œuvres des deux cinéastes tel que l’orchestre possédé interprété par le groupe Tito Tarantula, un sexe révolver qui servait déjà d’accessoire dans Desperado, ou bien les références au Big Kahuna Burger et aux cigarettes Red Apple imaginé dans Pulp Fiction et que l’on retrouvera ponctuellement dans l’univers Tarantinesque. Les hommages à son cinéma deviendront légion à mesure de sa filmographie qui pourrait tout à fait se tenir de manière cohérente dans un multivers déjanté. Quentin Tarantino ne vit décidément pas dans la même temporalité. En tout cas, faut être un sacré mordu de la chatte pour se donner autant de mal afin de plaire aux gonzesses. Pas sûr que Salma Hayek aurai accepté de se dandiner sur scène avec un Boa pour que l’auteur puisse lui bouffe les doigts de pied arrosé de Téquila si ce dernier était resté un simple vendeur de cassettes. Oink ! Oink !