Exécution un peu littéraire mais témoignage excellent

Christopher Waltz a probablement été choisi pour Inglourious Basterds grâce à cette expérience de ses débuts. Zanussi y aborde concrètement, mais de façon elliptique, le cas de Kolbe (un héros inspiré par sa foi et tenu avec son consentement par son engagement moral total) en tant que personne et celui de l’Église par rapport au nazisme et ses camps de concentration. Il laisse plusieurs voix s'exprimer et rend les individus meilleurs que les institutions, les porte-parole et leur morale incarnée meilleurs que leur 'officiels' – plus purs en tant qu'Hommes (de foi).


La congrégation religieuse et la hiérarchie du Parti sont unies dans leur éloignement des souffrances, de la réalité. Toutes deux filtrent : elles refusent la sanctification (logique même si pas pragmatique de la part des religieux, refus de la vérité de la part des communistes) pour des motifs 'supérieurs' (pour garantir la cohérence de leurs idéaux 'compresseurs'). Les ouvriers de Dieu, du message du Christ, de la sainteté au sens large comme étroit, accomplissent le travail que leur supérieur ne font pas, lavent la maison par leurs actions et leur dévotion. L’Église n'a pas condamné officiellement cette oppression, mais les prêtres morts par milliers parlent pour elle, répond un frère franciscain à un survivant (lors d'une visite pour retrouver le remplaçant de Kolbe).


Lui et le personnage de Waltz sont plutôt cyniques envers la religion et voient notamment un ordre (pour Jan/Waltz qui y a été) et une Église (pour Olszanski/Zaleski qui est passé ensuite à Auschwitz) se cherchant un saint. Ils sauront apprécier le geste de Maximilian Kolbe en dépit de leurs convictions ou impressions - par acception de la vérité pour l'un, d'un sens de l'intégrité universel pour l'autre. La réaction du probable sauvé (et responsable assuré) lors de la béatification en atteste. La faiblesse technique est alors à son paroxysme, car le vieillissement du type ne tient que sur le maquillage, paraît très amateur et dès qu'il est filmé en plan italien ou autrement qu'en gros plan, l'apparence est accablante.


La vue des kapo (avec leurs pantalons rayés et leurs vestes de civils) est probablement la chose la plus écœurante et tangible dans le film (les grandes décisions et les sommités funestes ne sont pas à l'écran), en-dehors des exécutions et entassements. Le discours du film atteint des limites lorsqu'il vire à l'hagiographie par la parole d'un des proches de Maximilian ; cette hagiographie est mieux nourrie par les aperçus concrets ou les simples faits. Les démonstrations plates mais idéalistes, parfois théâtrales, ne sont pas le problème, elles sont même formulées avec intelligence et efficacité ; mais le film reste à la surface, piégé entre finesse et superficialité ; encore un victime de sa pudeur !


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le 4 août 2018

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