Présentée en compétition à Cannes, Valley of Love est une création épurée véritablement originale. Après Les Valseuses et surtout Loulou, le duo Depardieu/Huppert se réunit devant la caméra de Guillaume Nicloux. Le film commence. Nous entrons alors dans un silence immersif. S’ensuit alors les mots qui fusent dans un décor infini, l’alchimie opère entre nos deux monstres du Cinéma français.


Voilà le pitch : Après des années de mutisme chacun de leur côté, Gérard et Isabelle se retrouvent dans la Vallée de la Mort pour une seule raison : leur fils Michael. Abandonné par sa mère très jeune et laissé à des pensions par son père, Michael n’a pas vraiment eu des parents modèles. Il se sépare d’eux, décidé à fuir cette famille condamnée à la désunion. Des décennies plus tard, Michael se donne la mort et laisse une lettre à ses parents dans laquelle il indique qu’il réapparaitra dans cette fameuse Vallée. Le jeu de piste va commencer pour Gérard et Isabelle qui vont peu à peu se redécouvrir…


La Caméra si patiente de Nicloux nous livre une intimité rare à voir sur un écran. L’interprétation du duo contribue à une grande richesse des personnages mais surtout à une véracité qui semble presque indéniable. Le film réussit grâce à sa simplicité: ses deux vedettes et son décor métaphorique. Ce dernier apporte un côté non seulement philosophique mais également monumental.
Les deux protagonistes vont parcourir ensemble ces magnifiques routes de l’Ouest américain. Ils recherchent leur fils dans leur souvenir, ce dernier matérialisé par ce désert montagneux sans fin. Cela leur permet de définir leur couple passé qui n’en était pas un. Ils évoquent ainsi un bilan de leur vie, parlant de ce que leur expérience séparée leur a apporté. Etouffés par la chaleur, ils avancent confusément et s’obstinent.


Cette expédition mystique au-dessus de laquelle plane la disparition d’un fils, une « punition » comme le souligne Gérard, amène une expérience hors du commun. Celle-ci leur apprend à faire face et à assumer leurs actes du Passé et du Présent. Nous croisons la route de divers symboles étranges et mystiques qui donnent un côté insaisissable à cette quête.


Une douce mélancolie imprègne le film et nous accompagne dans un road-movie funéraire inédit. Sans artifice, Ce film d’une certaine puissance va à l’essentiel, même s’il est à noter certains passages à vide. Le passé nous rattrape et rappelle que la souffrance ne peut rester éteinte à jamais. Malgré cela, de cette Vallée de la mort se dégagent la vie et l’amour vache pour notre plus grand plaisir. Une explosion de sensations.

Irénée_B__Markovic
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2015 et Les meilleurs films français de 2015

Créée

le 28 sept. 2016

Critique lue 210 fois

Ikarovic

Écrit par

Critique lue 210 fois

D'autres avis sur Valley of Love

Valley of Love
Sergent_Pepper
6

Le pitch était presque parfait.

Il faut reconnaître que bien des éléments étaient alléchants dans ce projet singulier : les retrouvailles de deux sommets du cinéma français 30 après, un décor américain et un pitch singulier,...

le 18 nov. 2015

40 j'aime

3

Valley of Love
BrunePlatine
8

Subtil duo en plein soleil

Une immense claque de soleil, de larmes et de talent. Un film d'une pudeur et d'une subtilité rares, un film pour moi inqualifiable, inclassable - merveilleux - qui réussit à mélanger drame,...

le 11 nov. 2015

21 j'aime

6

Valley of Love
mymp
4

♫ Perdus dans le déseeert ♬

Huppert et Depardieu, deuxième (enfin troisième, il y a eu Les valseuses quand même où il la faisait jouir avec la langue), 35 ans après Loulou de Pialat. À l’époque ils étaient à peine adultes, ils...

Par

le 19 juin 2015

17 j'aime

3

Du même critique

Les Cowboys
Irénée_B__Markovic
7

Ode romanesque à notre modernité troublante

« Un fracas dans le monde » Voilà ce que voulait filmer Thomas Bidegain pour son premier film en tant que réalisateur-scénariste et non plus en tant que scénariste (pour Bonello avec Saint Laurent et...

le 20 nov. 2015

16 j'aime

Un homme et une femme
Irénée_B__Markovic
10

Une leçon de cinéma

Vu dans le cadre de la Cinexpérience Rétro en édition remasterisée, j'étais en très bonne condition pour voir la Palme d'Or 1966. Et comme vous avez vu avec ma note, il est peu dire que j'ai aimé ce...

le 26 oct. 2016

13 j'aime

2

Iris
Irénée_B__Markovic
6

Paris, la nuit

Après son assez décevant Yves Saint-Laurent sauvé par le duo Niney/Galienne, Jalil Lespert revient en cette fin d’année 2016 avec le thriller Iris. Remake d’un film japonais sorti en 1999, le...

le 3 oct. 2016

8 j'aime