Le silence à fleur de crocs

Il y a des films qu’on choisit au hasard, attiré par un titre improbable, une affiche mystérieuse. Et puis, parfois, on tombe sur quelque chose qu’on n’attendait pas du tout. Quelque chose qui nous cueille en plein vol, nous bouleverse, nous émerveille.

Parce que Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, c’est une petite porte cachée du cinéma de genre. C’est un mélange improbable de comédie noire, de drame intime, de romance à fleur de peau. Et c’est surtout un regard profondément sensible sur la solitude, la mort et l’envie de continuer malgré tout.

C’est un jeu d’équilibre délicat, où l’on suit une vampire trop humaine pour tuer, incapable d’assouvir sa soif sans trouver un accord sincère. Et le miracle, c’est que tout tient. Les dialogues sont précis, les silences font mouche, la mise en scène oscille entre poésie et humour absurde. À chaque plan, à chaque regard, on sent l’honnêteté d’une réalisatrice qui filme avec le cœur.

Ariane Louis‑Seize balance les genres comme des cartes à jouer : comédie noire, drame social, romance improbable, et jamais ça ne tombe à plat. Parce que tout repose sur une vérité simple, brute, profondément émouvante. Et puis vient ce final, où tout s’entremêle, où le malaise devient tendresse, où la nuit devient lumière. C’est beau, c’est sincère, c’est bouleversant.

C’est imparfait, évidemment. Trop doux pour un film de vampires ? Trop mélancolique pour une comédie ? Peut‑être. Mais justement, c’est ce qui en fait sa perfection : un film trop humain, trop sensible, trop sincère, qui vient toucher notre propre humanité. Trop mélancolique, oui, mais juste assez pour nous atteindre en plein cœur. Et c’est justement pour ça qu’on en sort bouleversé, reconnaissant, un peu plus vivant.