Le moine qui emballe comme un Dieu et dégaine comme le Diable...

Voilà pour le coup une connerie filmique hyper coupable, sur laquelle tout le monde vomit avec délectation, mais que beaucoup regardent en cachette pour se vider la tête un bon coup. Car si la vulgarité et la bêtise règnent sur deux heures de pellicules, ces dernières sont aussi d'une générosité rare ! Des dizaines de créatures, des clones de gremlins pour les bébé vampires, trois grandes figures du fantastique réunies comme à l'époque des duels improbables comme King Kong vs Godzilla ou Frankenstein vs Dracula... Si la facture technique du film est parfois faiblarde (mais on va y revenir), le tout se révèle être un divertissement au poil, crétin et bourrin comme il le faut, et surtout qui ne laisse jamais trop retomber le rythme. C'est d'ailleurs assez drôle, mais quand le film commence à parler plus de 5 minutes, il y a d'un coup une attaque surprise ou un jump scare qui relance un peu l'action, nous donnant au moins un truc nouveau à voir. Et enfin, je ne me voile pas la face : il y a des moments où un bon gros blockbuster purement ludique fait largement l'affaire pour passer une bonne soirée. Par ailleurs, le premier quart d'heure fait preuve d'une certaine sobriété, faisant figure de modèle de relecture moderne et foutraque, mais bien mise en scène avec un noir et blanc loin d'être dégueulasse. Et question surenchère crétine, celui là y va à fond. Avec un combat hautement improbable sur les toit de Notre Dame de paris à la fin du XIXème entre Van Helsing et Mr Hyde (en mode Hulk comme dans l'autre bouse-défouloir La ligue des Gentlemen extra-ordinaire) à coup de sauts gigantesques retenus par des cordes, Van Helsing enchaîne les agressions historiques avec une jubilation telle qu'elle se rend immédiatement sympathique envers le spectateur. Une véritable connivence s'installe quand un cardinal nous apprend que l'Ordre (résidant au Vatican) tue des monstres depuis les débuts de la chrétienté pour protéger le monde (Amen !), et que des moines conçoivent en sous sol des armes pour lutter contre eux... A se tordre de rire devant ce moinillon complètement geek qui conçoit des gadgets pour l'élimination des monstres, avec lequel la limite de l'anachronisme est clairement franchie. Et bientôt, voilà notre duo comique parti pour la Transylvanie, avec une population qui a subie à la fois Frankenstein et Dracula (les pauvres, ils en ont vu de toutes les couleurs...). Et là commence la folle aventure. Attaque groupée de vampire, raid de loup garou, chasse de bestiole, humour de bon ton et cliché à foison (plan de visions de créatures pour mettre du suspense, numéro de Tarzan avec cordes et câbles en tout genre...). C'est simple, Van Helsing ne semble avoir aucune limite et ne cesse de repousser plus les frontières de son imaginaire. Amusant de voir que le film délaisse parfois sa photographie bleutée typique pour s'aventurer dans un bal masqué aux teintes plutôt chaudes, ou de donner dans l'épique non mesuré avec le château de Dracula, véritable forteresse qu'adorerait n'importe quel amateur d'héroïc fantasy. Pas réaliste à un seul moment (mention spéciale à Kate Beckinsale qui attrape d'une main une seringue en plein vol en se cramponnant à un câble au dessus d'un gouffre sans fond), les cabriolantes aventures se suivent avec un enthousiasme non dissimulé, ponctué par les moments de bravoures sentimentaux tellement clichés qu'on en rit plus qu'autre chose (les violons qui viennent appuyer l'humanité de la créature de Frankenstein, le baiser entre Kate et Hugh qui arrache un "Haaa !" de satisfaction de tous les spectateurs). Avec un final défiant clairement celui d'Underworld 2 en termes de spectacle (moins gore, mais carrément plus jubilatoire avec Dracula la tafiole qui tente de convaincre Van Helsing de devenir son frère d'arme), le film remplit plus que de raison son cahier des charges pour le spectacle. Toutefois, son final sérieux demeure un véritable moment de bravoure dans le domaine hollywoodien, l'héroïne du film mourant en sauvant le héros. Une volonté de Steven Sommer de faire passer son film à un autre stade, certes une bonne volonté, mais un trop mielleuse à l'écran quand on distingue dans les nuages de l'horizon les spectres de la famille enfin réunie. Intéressant, mais pas encore assez abouti pour être apprécié à sa juste valeur. Quoiqu'il en soit, l'entreprise n'étant sérieuse à aucun moment si ce n'est la fin, le numéro a de quoi emballer le large public tout en faisant gentiment rire le cinéphile. Une vraie petite réussite dans son genre, qui nous ferait presque oublier le numérique à foison de ses effets spéciaux, et parfois quelques effets mal torchés (vilaine chute de loup garou dans l'eau digne de Birdemic).

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le 20 mai 2014

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Voracinéphile

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