Vas-y maman
5.7
Vas-y maman

Film de Nicole de Buron (1978)

Ancienne critique :


Le genre de film familial qu'on ne voit guère plus de nos jours. Un film taillé sur mesure sur le personnage Girardot. Un film tendance aussi. Féministe. Les balbutiements d'une réelle libération de la femme voient le jour sur les toiles blanches des cinémas. Disons plus sûrement... un féminisme populaire. Une vulgarisation du féminisme.


Et on peut saluer surtout le fait que ce film est en quelque sorte une intronisation du féminisme par le biais d'un genre apte à émanciper le mouvement : le genre de la comédie familiale pour ce type de propos éminemment sérieux qu'est le féminisme. C'est un film qui ressemble à son auteur, Nicole de Buron, féministe heureuse, sympathique, non violente, non amère, non aigre, vivante, paisible.


L'association de Girardot et Mondy est en soi une des meilleures idées qui soient. Ces deux valeureux comédiens sont formidables.


Nouvelle critique :


Après avoir revu récemment le décevant Cours après moi que je t’attrape co-écrit par Nicole de Buron avec déjà Annie Girardot, je retrouve la scénariste, également derrière la caméra, ainsi que l’actrice pour une comédie un peu mieux écrite.


La mise en scène n’est pas non plus très folichonne avec le minimum syndical. Rien de révolutionnaire, c’est filmé assez platement. Mais le scénario est beaucoup mieux équilibré et les acteurs principaux sont excellents.


Restons d’abord sur l’écriture : la thématique féministe montre une société encore très archaïque où les hommes semblent dépassés par une émancipation féminine hors de leur contrôle. Sur un canevas qui rappelle la Potiche de Barillet et Grédy, avec une tonalité un poil moins légère, ni aussi pince sans rire, ce film évoque la place de l’épouse et mère dans la cellule familiale dès lors qu’elle tente de s’en échapper quelque peu. Cela devient une entreprise titanesque qui met en péril la famille.


L’évolution de la situation chez les personnages pourrait même faire douter de l’efficacité du propos que d’aucuns décriront volontiers comme réactionnaire, appuyant un certain discours phallocrate paradoxalement. Le mari s’octroie toujours des libertés que sa femme se refuse, par exemple au niveau zizipanpan. Curieux, un film féministe que se conclut sur un discours caressant l’homme dans le sens du poil : on a un peu une maman qui s’asseoit sur la femme qu’elle voudrait être pour récupérer le mari, qu’il puisse se sentir à nouveau au centre de l’attention de toute la famille. Troublante conclusion : pourquoi mettre en avant une revendication tout le long du film et prouver l’exact opposé à la toute fin?


Outre cette problématique, le film s’interroge la modernité au sens large, la société de consommation. Il le fait parfois avec trop peu de subtilité, mais ça reste gentillet comme humour.


Je veux insister plutôt sur la qualité de l’interprétation de deux têtes d’affiche. Mondy et Girardot forment un couple crédible.
Le jeu de Pierre Mondy est d’une extrême justesse, épatant. Il est phénoménal.
Annie Girardot n’est pas en reste. Pourtant, elle a un rôle compliqué, un personnage qui dégoupille par moments et monte dans les aigus. Les deux s’ajustent de manière idéale et on peut donc sentir sans se tromper qu’ils tiennent le film à eux seuls les rails.


Il est vrai que le scénario est un peu mou dans la première partie et s’énerve par bonheur par la suite. Un film moyen que je suis tout de même ravi d’avoir revu pour Pierre Mondy au sommet de son art et Annie Girardot pétillante à souhait.


Trombi et captures

Alligator
5
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le 26 déc. 2012

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