C’est le film de Mouret qui semble le plus sous influence rohmerienne. Les personnages de Vénus et Fleur peuvent d’ailleurs être vus comme des déclinaisons de Reinette et Mirabelle. Le choix des prénoms est symbolique : Vénus aime cueillir quand Fleur préfère être cueillie, pour reprendre une phrase de Vénus dans le film. Symbolique des prénoms qui ne s’en tient pas là puisqu’elles rencontreront deux garçons, Dieu et Bonheur. Pourtant le film est absolument vivant, solaire, joyeux, se déroulant dans un Marseille étonnant, sauvage, qui ne ressemble ni à celui de Pagnol ni à celui de Guediguian. Et si Vénus dévore chaque scène, par son impétuosité, sa volonté de vivre au présent, ses origines russes, son désir de rencontrer des mecs, c’est parce qu’elle transmet tout cela ouvertement, en joue tellement qu’elle procure de la gêne, pour nous spectateurs autant que pour Fleur, qui s’en trouve absorbée alors qu’elle n’est pas moins dans cette quête de l’amour. Et Mouret réussit quelque chose de très beau le temps de deux scènes magnifiques : Fleur soudain existe tellement que son visage est changé. Il y a cette scène au coin du feu où son sourire est tel qu’on ne la reconnaît pas. Il y a cette dernière scène où son désir est si puissant qu’on la sent respirer enfin. Deux scènes sans Vénus, évidemment, qui la fascinait autant qu’elle l’empêchait d’exister. Vénus et Fleur est un superbe conte d’été, dans lequel Mouret joue encore peu avec les mots mais semble très à l’aise avec les corps.

JanosValuska
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le 1 avr. 2022

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