Vera
6.6
Vera

Film de Tizza Covi et Rainer Frimmel (2022)

Seule Paris est digne de Rome...

Seul Paris est digne de Rome, seule Rome est digne de Paris. En matière d’escroquerie, sans doute. Évoluant comme un électron libre au sein de la bourgeoisie romaine, Vera Gemma, fille de Giuliano Gemma, est sans cesse ramenée au passé de son illustre père. Si l’on s’éprend parfois par la traversée touchante d’une femme qui essuie autant d'humiliations en casting que d’échecs amoureux, sa naïveté ne parait pas crédible par rapport au cadre et à l’histoire de sa famille. Suite à un accident dont tout le monde - spectateurs inclus - comprirent dès les premiers instants qu’il était factice, sa naïveté l’amène dans le creux du piège : elle dédommage la victime, un enfant âgé de 9 ans dont elle nouera une relation par la suite. Dans cette Rome pieuse, comme en témoigne l’hôtel et les crucifix présents dans la modeste demeure de la famille, Vera incarne le rôle de mère pour cet enfant des quartiers défavorisés, et peut-être aussi sa propre vie. De cette relation naîtra une introduction de Vera dans ce trio familial sur trois générations, et un contraste de genre entre les vies radicalement différentes du père, jeune agriculteur et veuf depuis quelques semaines, et Vera, qui semble flotter sur la vie. Malgré tout, là où le film aurait pu devenir une fable, voire une satire sociale, il semble se perdre dans un décalage narratif rendant secondaire un fait pourtant essentiel : cette famille, pourtant plus pauvre que les autres protagonistes croisés sur la route de Vera, sont les seuls à ne pas profiter d’elle, ni pour son nom, ni pour son argent. Par conséquent, cette relation maternelle de coeur devient l’image centrale d’un film où Vera Gemma devient l’incarnation d’une femme en quête de maternité, à l’instar Rachel (Virginie Efira) dans Les Enfants des Autres de Rebecca Zlotowski. Alpaguant Roschdy Zem en sortant de la salle des festivals, à 2000 mètres d’altitude et les montagnes derrière-lui, je l’interroge sur cette ressemblance de traitement entre les deux films. « Pour moi pas du tout » trancha-t-il. Temps d’arrêt, sourire, rires. « Mais tant mieux si tu as vu ce détail, c’est valorisant pour nous ». Valorisant, certes. Mais assurément pour Vera !

Aymericdt
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le 22 déc. 2022

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