On n'a pas vraiment affaire ici à un film "d'exploitation", mais plutôt un drame avec quelques séquences violentes. Il semble toutefois que la version que j'ai trouvée sur Youtube ne soit pas la version intégrale (environ 1h30, mais IMDB renseigne une version plus longue : 1h45, tout de même!). On a ici un film à sketches divisé en deux histoires, ce qui est peu commun pour ce type de films; on en a au moins trois en général. Le sujet commun de ces deux histoires est la virginité féminine, et l'attitude totalement problématique de certains hommes par rapport à elle.
La première histoire, se déroulant dans la Russie du XIXe siècle, raconte l'histoire de la relation entre deux jeunes amoureux, qui virera à la tragédie, notamment à cause de conflits liés à la famille de la jeune fille, Mascia. La deuxième histoire, qui se déroule en Sicile contemporaine (c'est à dire dans les années 70, au moment de la sortie du film), met en scène un patriarche d'âge mur, Don Salvatore, qui veut épouser Santa, une jeune étrangère, détail qui pose problème pour le reste de la famille. Après l'avoir finalement épousée, Don Salvatore découvre qu'elle n'est pas vierge et va entrer dans une rage folle...
La photographie, assez bien travaillée, fait partie des points forts de ce film. Les décors, les costumes, les paysages... Beaucoup de belles choses à contempler, ce film n'est pas sans budget, c'est sûr. En ce qui concerne la dramaturgie, les acteurs et actrices parviennent à nous faire ressentir tous les enjeux tragiques du scénario. Enrico Mario Salerno (vu dans "La bête tue de sang froid", par exemple) incarne ici Don Salvatore, personnage paternaliste au possible avec la toute jeune Santa, mâle sicilien fier comme un paon, qui finit par virer à l'hystérie totale et à la pulsion meurtrière.
Dans la version que j'ai pu voir, une bonne partie de la violence semble avoir été coupée au montage, comme je l'ai signalé plus haut. Le viol de Mascia par des inconnus sans visage, dans la première histoire, est complètement ellipsé. Le côté sanglant de la vengeance de Don Salvatore, dans la seconde histoire, est présent dans certains plans, mais encore une fois, ça semble assez court. Quoi qu'il en soit, on se sent envahis d'une amertume gigantesque face au destins tragiques que vivent les personnages principaux, en particulier ceux des deux jeunes femmes, Mascia et Santa. Et c'est ce qui fait l'une des grandes forces de ce film: nous mettre face à l'absurdité des traditions et autres normes sociales qui finissent, à force d'injonctions absurdes et totalitaires, par détruire la vie de ces jeunes femmes.
Certains passages, un peu lents et verbeux, peuvent plomber le rythme du film à certains moments, mais globalement, l'ambiance et la mise en scène sont assez réussies.