"Vesper chronicles" pose d’emblée, et par écrit, la trame convenue du film post-apocalyptique : La Terre, ravagée par nombre de catastrophes se divise désormais entre Les Citadelles où vivent les nantis, et le reste du monde où survit la plèbe. Cet état des lieux posé, se développe alors une magnifique plongée dans cette contrée hostile par le biais du personnage principal, Vesper, une jeune fille, vive, éveillée, scientifique douée dans les expériences de biohacking. Elle est interprétée par Raffiella Chapman, au physique androgyne, et il faut souligner ici son extraordinaire performance, présente dans presque tous les plans, captivant la caméra par sa vélocité, son intelligence et sa sensibilité de jeu. L’univers du film dans son ensemble mélange des paysages connus, les grandes forêts de conifères, la taïga, à d’autres écosystèmes où règne la poésie d’un monde entièrement inventé, peuplé d’incroyables créatures dont les mouvements et réactions fascinent et éblouissent. C’est dans la fusion de la nature et de ce monde hybride qu’évoluent les personnages, aux physiques particuliers, notamment les enfants. À côté d’eux, Vesper apparaît comme un océan de pureté. Coréalisé par la lituanienne Kristina Buožytė, auteure de trois longs-métrages et le français Bruno Samper qui, lui avait participé à la réalisation de "The ABCs of Death 2" (2013), le film fraie son chemin avec une certaine lenteur bienvenue ; le spectateur est comme un alien, aux aguets de ce qui peut arriver à l’écran. Efficacement filmé, sans effets superfétatoires, accompagné par la musique idoine de Dan Levy, c'est une belle surprise dans l’univers souvent très formaté de la science-fiction.