1979, le cinéaste Paul Schrader avec “Hardcore” - au travers d’une histoire sordide de disparition - entraînait Jack Van Horn (George C.Scott), un bon père de famille et un fervent croyant, dans le monde opaque de la pornographie amateur des seventies. Avec ce drame majeur, couplé d’une enquête en eaux troubles, Paul Schrader nous livrait un cinéma frontal, aux propos et aux images chocs. Un cinéma désespéré que William Friedkin (“French Connection”) viendra compléter un an plus tard avec le thriller urbain “Cruising”. Cette immersion glauquissime - et bien plus psychologique qu’elle n’y paraît - dans l’univers Gay et S.M. d’un Los Angeles underground, à travers les méfaits d’un tueur en série (tout de cuir, moustache et casquette vêtue), restera l’un des longs-métrages les plus controversés de son réalisateur. Deux ans plus tard, la cité des anges dépeinte par Friedkin refait surface pour les besoins de “Vice Squad” (1982), une autre œuvre incontournable de ce que l’on pourrait appeler la “Sexploitation”. Dès l’ultra-immersif générique du début, à base de vraies images de rues - interpellations, racolages, règlements de compte, bref, le monde sordide de la nuit et son cortège d’âmes perdues - le réalisateur Gary Sherman (“Le Métro de la mort”, “Réincarnation”) pose les bases de son récit.
“Princess” (l’incroyable Season Hubley), une prostituée et mère célibataire va, au péril de sa vie tenter d’arrêter un certain Ramrod (Wing Hauser), le meurtrier de sa meilleure amie. Tom Walsh (Gary Swanson), un vétéran des mœurs aussi cynique que désabusé, viendra prêter main forte à la jeune femme. Épuré de tous artifices superflus, “Vice Squad”, “Descente aux enfers” en France - pour une fois, le retitrage défini bien l’ambiance du film - est un thriller à trois personnages âpre et tendu comme un arc, dans lequel la violence du propos n’a d’égale que l’horreur quotidienne de ces travailleuses du sexe. Toute cette perversion ne pouvant mener qu’à la folie, Gary Sherman nous présente Ramrod, un sociopathe sadique qui se repaît de toute cette violence. Une chasse à l’homme s’engage alors dans un Los Angeles tentaculaire et poisseux. Gary Sherman laisse divaguer ses protagonistes en filmant avec le recul et la patine du docu-fiction, donnant au long-métrage un côté réaliste hyper-troublant. Mais “Vice Squad” ne serait rien sans son actrice principale, jouée par la magnifique et troublante Season Hubley, un rôle tout en ambiguïté. Fragile et forte à la fois, aussi bien ange que démon, le personnage de “Princess” est certainement le meilleur hommage que Gary Sherman pouvait rendre à ces femmes de la rue !

RAF43
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le 3 mai 2021

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