Il y a fort à parier que si le critique Jean-Baptiste Thoret n’avait pas déterré ce film dans la collection « Make my Day », il aurait été bien difficile de dénicher aujourd’hui ce Vice squad. Peu réputé, sorti dans un relatif anonymat et ayant connu un succès très modeste, le film est totalement méconnu. Et pourtant, il mérite vraiment d’être découvert. Dans la droite ligne du cinéma réaliste des années 70, il s’apparente à un documentaire, certes fantasmé mais crédible, qui rappelle le cinéma de William Friedklin. Cette plongée dans le Los Angeles du début des années 80 dresse un portrait sans concession du monde de la nuit avec ses putes, leurs macs et la police des mœurs. C’est cru, sordide et terriblement efficace. L’histoire qui nous est racontée s’étire sur toute une nuit. Celle où un mac totalement incontrôlable tue une de ses protégées avant d’être pris au piège par la police qui utilise une autre prostituée. Mais il s’échappe et une double traque s’organise : celle qu’il mène après celle qui l’a piégé et celle que mène la police pour retrouver les deux protagonistes.


Le scénario peut paraître basique mais l’ensemble est vraiment bien conduit. Le réalisateur alterne peinture de ce monde interlope et avancée de son récit avec justesse. Les portraits des trois personnages principaux s’entremêlent avec intelligence pour décrire une société en déliquescence. On croise ainsi une foule de personnages étranges aux pratiques sexuelles douteuses ou à la morale déviante. La grande réussite du film est incontestablement son psychopathe. Porté par un Wings Hauser littéralement possédé, on tient là un personnage passionnant qui, à lui seul, mérite vraiment le détour. Sa présence à l’écran est d’autant plus importante que ses partenaires sont davantage fades, ce qui est vraiment regrettable. Le personnage du flic est, à ce titre, le plus transparent. La faute à une écriture sûrement paresseuse et à une incarnation insuffisante. L’acteur manque de charisme et son personnage est mal défini. Si « Princess », la prostituée vedette, gagne en épaisseur au fil du récit, on aurait préféré un personnage plus attachant qu’on a vraiment envie de défendre.


Le film est heureusement porté aussi par un récit qui s’emballe progressivement. Après les portraits et quelques scènes de déchaînements de violence avec Wings Hauser, le film réserve un final placé sous le signe de l’action. Aussi à l’aise dans la peinture nocturne des trottoirs et des hôtels de passe que pour filmer une poursuite en voitures, Gary Sherman assure dans la dernière ligne droite. Le résultat, boosté par une B.O. de qualité et une photographie très soignée, est une vraie découverte à faire partager.

Play-It-Again-Seb
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le 10 nov. 2022

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le 10 nov. 2022

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