Le cinéma de David Cronenberg était à ses débuts pas mal dérangé, et Vidéodrome en est la preuve par l'image...


Comme toujours, l'atmosphère dans laquelle évolue le personnage principal, campé par un James Woods correct mais sans plus, se révèle froide et malsaine - supportée par une bande son exclusivement cold-ambient. Il faut dire que le sujet du film s'y prête bien puisque c'est l'histoire d'un directeur de chaîne de télévision hardcore qui se verra - ou du moins se croira - contracter une tumeur cérébrale au cours du visionnage d'une série de cassettes du nom de "Vidéodrome".


C'est donc de la fascination de l'extrême et de la perversion, par le biais de l'image, que traite ce thriller aussi hardcore que son sujet : certaines scènes flirtent avec le gore, et l'une d'entre elle l'est même carrément (et plutôt étrangement d'ailleurs). Une fascination et une excitation qui se joueront aussi à travers la sublime et sexy créature masochiste incarnée par Deborah Harry, la Blondie qui ressemble tant à Michelle Pfeiffer. Créature virtuelle ou créature réelle ?


Il y a d'ailleurs pas mal d'effets spéciaux dans ce film, et pour 1983, il y a du très bon mais aussi du beaucoup moins bon : le nouveau magnétoscope vulvaire du "héros" ou encore la scène citée précédemment sont quand même à la limite du nanar gore. En revanche, le mouvement des objets télévisuels relève d'une véritable prouesse, tout comme le bras armé.


Sur le fond, David Cronenberg ira jusqu'au bout - comme d'habitude et c'est aussi pour ça qu'on l'aime - de son idée des conséquences de l'abus de la violence virtuelle sur le psychisme de tout un chacun, car même si certains faits divers vont dans son sens, une maladie mentale aussi subite et poussée que celle du protagoniste reste peu crédible...


Cela dit, ce parti pris nous offre un final, certes attendu, mais très prenant. Un final où la réalité et la fiction ne se sont jamais rejointes d'une manière aussi probante !

RimbaudWarrior
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de David Cronenberg

Créée

le 2 oct. 2015

Critique lue 772 fois

5 j'aime

3 commentaires

RimbaudWarrior

Écrit par

Critique lue 772 fois

5
3

D'autres avis sur Vidéodrome

Vidéodrome
Sergent_Pepper
8

Can’t tie a thrill.

Face à la cohorte de navets formatés au possible que propose le cinéma d’épouvante, Cronenberg propose, dans son début de carrière, un parcours singulier et – enfin – digne d’intérêt. L’intrigue de...

le 23 nov. 2016

114 j'aime

11

Vidéodrome
real_folk_blues
4

Video killed the radio stars (air connu)

Très 80's, sombre, organique, étouffant, kafkaïen. Cronenberg pour sûr sait ce qu'il fait de sa caméra. Jusque là tout va bien. Mais quel est l'enjeu? La télé c'est la fin du monde? Attention les...

le 24 mai 2011

71 j'aime

13

Vidéodrome
Velvetman
9

Videodrome

Des années ont passé, mais cela n’a eu aucune incidence sur la force graphique et thématique de l’œuvre de Cronenberg. La technologie évolue, et dans les années 1980, l’instrument télévisuel prend de...

le 17 févr. 2014

44 j'aime

2

Du même critique

Le Juge et l'Assassin
RimbaudWarrior
8

Prières et le loup

Plutôt que de nous obliger à nous taper une énième rediffusion du Gendarme-et-de-je-sais-pas-qui sur M6 pour rendre hommage à Michel Galabru, Arte a eu le bon goût de rediffuser le grand drame qui le...

le 7 janv. 2016

54 j'aime

12

Buffet froid
RimbaudWarrior
9

Le poltron, le fruste et le fainéant

Bertrand Blier aurait, paraît-il, assez rapidement écrit le scénario de Buffet Froid en partant de l'un de ses rêves récurrents qu'il prête ici à son personnage principal qu'incarne Gérard...

le 14 juil. 2016

41 j'aime

14

Martyrs
RimbaudWarrior
9

Laissons Lucie faire

J'avais complètement zappé la polémique quant à son interdiction aux moins de 18 ans à sa sortie, alors quand je me suis installé devant une diffusion de Martyrs sur Canal, je ne vous explique pas la...

le 13 mars 2016

39 j'aime

7