Rebecca Zlotowski hésite souvent entre comédie policière et thriller psychologique, deux genres trop dissemblables pour pouvoir bien s'accommoder ensemble. En outre, la partie thriller psychologique, en plus de s'enfoncer dans la psychanalyse de comptoir par le biais de séquences d'hypnose ou d'onirisme plus risibles qu'autre chose (sans parler, sur la fin, d'un flashback dégueulasse en IA !), n'était franchement pas utile des masses.
Le fait que la protagoniste — psychiatre de son état — décide de mener une enquête sur le suicide suspect d'une de ses patientes, pour laquelle elle ressentait, sans le saisir réellement, une certaine attirance (par contre là, crédibilité maximale, puisque la défunte est incarnée par la sublime Virginie Efira... que l'on voit cinq minutes en tout à tout casser !), suffisait largement comme fil conducteur scénaristique. Et pour ce qui est de la construction de personnage, voir évoluer difficilement, mais dans le bon sens, une femme qui, par sa profession, croit tout savoir, mieux que tout le monde, incapable d'écouter quelqu'un d'autre qu'elle-même, descendre de son piédestal est un très bon moteur narratif pour qu'on ait envie de s'attacher à elle, en dépit de ses défauts.
Deux éléments qui auraient parfaitement pu s'intégrer dans une comédie policière qui s'assume pleinement. Oui, pour moi, c'est ce genre qui relève le tout.
Bon… je me suis retenu jusqu'ici, mais quel plaisir de voir Jodie Foster dans un film français (ce qui n'était pas arrivé depuis Un long dimanche de fiançailles… et encore dans un petit second rôle !). Elle apporte tout son charisme, tout son talent avec elle. À plus de 60 piges, elle est toujours aussi séduisante. Je n'insiste pas sur sa maîtrise absolument parfaite de la langue de Molière, qui ne fait que donner une autre raison de l'admirer encore plus. Bref, je ne vais pas vous mentir : c'est le fait qu'elle soit la tête d'affiche de ce long-métrage qui m'a poussé à me déplacer. À elle seule, elle vaut le détour.
En plus — la très bonne surprise à laquelle je ne m'attendais pas particulièrement et qui n'en est que plus agréable — elle a une alchimie d'enfer avec Daniel Auteuil, ce dernier étant, d'ailleurs, au meilleur de sa forme en comic relief. Leurs scènes communes — que j'aurais aimé encore plus nombreuses — sont savoureuses. Sérieusement, si ces deux-là se retrouvent à nouveau ensemble, j'achète mon ticket sans hésiter.
Sinon, Vincent Lacoste ne sert pas à grand-chose. Mathieu Amalric offre les quelques moments de tension du long-métrage. Ouais… ce que je retiens surtout, c'est Jodie Foster évidemment, ainsi que Daniel Auteuil. Je me répète, mais j'ai tellement apprécié leur présence que je n'ai aucune envie de me montrer trop sévère avec Vie privée.
Alors, pour conclure, on n'est pas proche de la perfection, c'est le cas de le dire : le mélange des genres bancal et la psychanalyse de comptoir restent des limites évidentes. Mais rien que la force du duo Jodie Foster — Daniel Auteuil ainsi la présence magnétique de la star américaine tout au long du film font que cette œuvre parvient malgré tout à être enthousiasmante à regarder.