Il y a des jours comme celui-ci où le programme semble beaucoup plus libre, propice au visionnage de films dont on ne sait pratiquement rien, dont on ne parle quasiment jamais. C’est le cas de Viendra le feu (O que arde), film galicien présenté à Un Certain Regard.


La Galice, région généralement peu connue et peu mise en avant, nous est ici présentée à travers l’histoire d’Amardo, qui sort de prison après avoir purgé une peine pour avoir déclenché un incendie. Seul, il retrouve son foyer et sa mère, vivant dans une petite ferme en pleine campagne. La solitude est très présente dans la vie d’Amardo, un homme qui parle peu et qui préfère se retirer dans la nature, où il vit paisiblement.


C’est sur ce ton que se développe Viendra le feu, qui met en avant les grands espaces de la Galice et le retour à la nature et à la simplicité. Ce côté reclus créé à la fois une sensation de paix et de sérénité, et une sensation d’isolement, l’impression d’être coupé du monde. La contemplation offerte par Oliver Laxe met en avant la beauté des paysages galiciens, mais le film souffre grandement d’un dosage mal géré à ce niveau, l’alourdissant inutilement.


En effet, nombreux sont les plans qui s’étirent longuement, sans que cela serve réellement le récit, ne produisant aucune puissance cinématographique, faisant des images de simples impressions d’instants de vie, qui ne racontent pas grand chose. Filmer le quotidien n’est pas synonyme d’ennui ou de vacuité, loin de là, mais on se demande par moments s’il valait mieux ne pas en faire un documentaire, tant l’intrigue patauge et s’étale inutilement, tandis que les images sont très belles, et les instants racontés, vrais. Pourtant, le dernier acte, déclenché par l’élément perturbateur qui intervient très tard, propose de superbes plans et de puissantes images. Mais il est déjà trop tard.


A l’issue de la séance, on comprend ce que le cinéaste voulait raconter et exprimer, mais l’étirement excessif de scènes qui ne le nécessitaient pas donne une désagréable impression de remplissage. Je me retrouve alors assez démuni, sans avoir énormément de choses à dire. On appréciera, finalement, cette exploration des paysages galiciens, cette vision d’un monde où la nature tient encore une part importante dans la vie des gens, mais c’était beaucoup, beaucoup trop long, et trop mal rythmé. Tous les ingrédients pour faire un grand film étaient là, mais la recette ne fonctionne pas, à mes yeux.


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JKDZ29
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le 23 mai 2019

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