Onirisme un peu bateau

Avec Vif-Argent, premier film du réalisateur, on perçoit très clairement les intentions de ce dernier : nous perdre en nous baladant entre deux mondes à la frontière poreuse tout en créant une ambiance onirique. Cependant, ce projet qui a le mérite d'être très ambitieux pour un premier long-métrage trouve rapidement ses limites dans le manque d'idée ou d'expérience de ce réalisateur. On pourrait aussi faire porter le chapeau à cet acteur principal qui traverse le film de façon fantomatique, non pas dans le sens où il joue très bien son rôle de voyageur entre deux mondes mais bien parce qu'il est un peu trop transparent et plat.

On pourrait acclamer cette envie de faire du fantastique plein de pudeur et de sensibilité, un film fantastique typiquement français diront certains, j'aimerais beaucoup d'ailleurs le faire, mais forcé de reconnaître que le film n'est pas à la hauteur de ses intentions.

Vif-Argent se perd peut-être en essayant de jouer avec des éléments très (trop ?) classiques d'une certaine vision de la mort : le fantôme d'un mort récent qui ne sait pas ce qui lui arrive, un monde parallèle mort/vivant, le besoin pour ces fantômes d'être menés vers la lumière grâce à un de leurs précieux souvenirs et à un guide...

Vif-Argent joue aussi la carte de l'humain, intention logique dans le cadre de ce récit fantastique pudique, en mettant en scène de façon bienveillante des gens récemment décédés (mention spéciale à la grand-mère italienne plutôt drôle et touchante).

C'est moi ce truc ?

Le film a quand même le mérite de ne pas tomber dans le grotesque, cela grâce à sa pudeur. Malheureusement, il est d'ailleurs tellement pudique qu'il n'arrive pas à donner la profondeur spirituelle ou poétique que l'on aimerait bien voir. C'est pendant les 20 dernières minutes que le metteur en scène s'active enfin et que l'on a le droit à une scène onirique plutôt jolie près d'un lac, à des jeux de couleurs rouge-bleu avec les lumières de la ville de nuit... cette fin dénote presque radicalement avec le reste du long-métrage sauf que la sauce n'est pas montée assez avant, c'est bien dommage.

En somme, Vif-Argent est une belle tentative plutôt encourageante pour la suite de la carrière du réalisateur mais qui peine à convaincre à cause d'une pudeur voulue mais non maîtrisée par le jeu d'acteur et la mise en scène.