Je suis prêt à supporter beaucoup pour entendre Niels Arestrup, vêtu d'un costume croisé, susurrer : "Je vous ferai tenir une caisse de Cristal Rœderer". Même visionner un film qui ne sait pas où il va, ni pourquoi (si c'est l'histoire de Metzner, pourquoi ne pas raconter l'histoire de Metzner ? Si c'est une pure fiction - et d'ailleurs c'est de ça qu'il s'agit -, pourquoi ne pas écrire un scénario crédible ?), tout en nous imposant une psychologie de bazar indigeste et une fascination pour le fric qui m'interroge. Mais parler des cercles du pouvoir quand on n'en a manifestement pas l'expérience n'est pas chose aisée, la diabolisation, l'idéalisation, ou les deux à la fois n'étant jamais bien loin. Même Chabrol n'était pas vraiment meilleur dans l'exercice avec par exemple L'Ivresse du pouvoir, seulement l'humour - qui est ici totalement absent -, conjugué à une sympathie profonde pour les personnages - qui fait là aussi défaut - permettaient d'avaler la coupette sans la légère gueule de bois qui nous saisit à la fin de cet opus, dont la morale, qu'on peut à peu près ramener au bon vieux "l'argent ne fait pas le bonheur" paraît bien tiède. Mais qu'est-ce qu'Arestrup est bon !