Vincent est un jeune homme, qui travaille comme prof de dessin, qui vit chez son père, lequel devient peu à peu aveugle. Du coup, le remord l'empêche de quitter le nid familial, alors que sa petite amie le pousse à prendre un appartement. Mais au fil du temps, Vincent commence à douter de la cécité de son père.


Il va sans dire que le film, dont je ne répèterai pas le titre, est ce qu'on appelle un OFNI, un mélange entre Jacques Rivette et La maman et la putain de Jean Eustache, sans avoir le talent de l'un ni de l'autre. Ça n'est tout de même pas aussi cérébral, mais on y retrouve là aussi ces longues scènes dialoguées, la liberté de ton, Bernadette Lafont aussi, mais c'est au fond assez inégal, car le film raconte au fond peu de choses. L'inadaptation d'un jeune homme, très bien joué par Fabrice Luchini, aux autres, mais au fond, il passe pour un petit con. Il est désagréable avec sa petite amie, qu'il soupçonne de la tromper avec son patron, les rapports avec ce père aveugle (touchant Michel Bouquet) se distendent peu à peu au fur et à mesure qu'il aperçoit une possible supercherie, et avec Bernadette Lafont, c'est à peine s'il agit comme un enfant pourri gâté à qui on lui aurait refusé quelque chose.


J'avoue que le titre du film n'est pas facile à comprendre, car il y a ni âne ni pré, mais disons que c'est une métaphore assez subtile de ce que vit Vincent. Le réalisateur Pierre Zucca, qu'on voit le temps d'un caméo en tant que mateur, s'est semble-t-il inspiré de son travail avec Eustache, Rivette, Truffaut ou Chabrol, car les influences sont visibles si on connait leur cinéma, c'est très soigné au niveau de la photo (car le réalisateur aura travaillé toute sa carrière sur l'image), mais au fond, ça ne raconte pas grand chose. C'est vraiment l'occasion de voir Fabrice Luchini tout jeune, avec ses cheveux longs et pattes d'eph', qui avait déjà son personnage avec son talent à déclamer de longs dialogues, et revoir à quel point Michel Bouquet pouvait nous toucher. Et même nous faire rire lors de la seule scène commune avec Luchini et Bernadette Lafont, où celle-ci veut acheter des sculptures, qui est un moment génial, mais qui ne dure que quelques minutes.


Je pense qu'à un moment, le charme discret du film a agi sur moi, mais je préfère prévenir que sa langueur peut décourager, d'autant plus que ceux qui recherchent des intrigues en seront pour leur frais.

Boubakar
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le 20 avr. 2022

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