En 1886, à New York, dans le quartier new yorkais de Park Row, un jeune journaliste, Phineas Mitchell, qui vient de perdre sa place au The Star, gros quotidien à l'idéologie qui déplait à Mitchell, veut lancer son propre journal. Il devra s'opposer à la directrice du Star, Charity Hackett, magnat de la presse.
Chaque film de Fuller, respire profondément la personnalité et les obsessions de son auteur, mais celui-ci, avec The Big Red One (LE gros projet de sa vie) est peut être son plus personnel. D'une part car le journalisme est la première passion de Fuller, il a débuté comme journaliste et rêvais de monter un journal. D'autre part car la trajectoire du film et de son personnage principal est étroitement liée à celle du cinéaste. Tout comme Mitchell, Fuller avec ce film devient indépendant, se sépare des gros, crée sa maison de production et fait tout lui-même. Ses ambitions cinématographiques ne correspondant plus avec les demandes des producteurs. C'est une lutte pour la liberté, et notamment la liberté d'expression. Liberté de la presse, le film raconte la naissance du journalisme et liberté de faire un film de la manière qu'on souhaite (les producteurs voulaient une prod en cinémascope, couleurs avec des vedettes, Fuller filme en noir et blanc, en 1.37 avec des inconnus). Le film se conclut sur la statue de la liberté, comme un symbole, elle vient d'être érigée grâce au boulot réalisé par le journal de Mitchell, le Globe. Tout le film décrit donc ce parcourt vers cette image, vers la liberté érigée. Et cette image n'arrive pas juste comme ça, aboutissement logique de la narration, elle s'intercale dans le montage de manière très judicieuse. Finalement une entente semble être trouvée entre Mitchell et Hackett, les deux s'approchent l'un de l'autre, on présume pour s'embrasser, mais Fuller coupe à ce moment pour enchainer avec le plan de la statue, symbole, elle aussi, d'une autre entente. Ce cut démontrant le détachement du cinéaste par rapport à une manière de concevoir le cinéma, le baiser hollywoodien final n'aura pas lieu, son film ce n'est pas ça.
Image aussi qui transmet un optimisme qui fera de plus en plus défaut dans le cinéma de Fuller, lui qui s'attachera dans la suite de son œuvre à la noirceur de l'âme humaine.
Cet optimisme est visible dans chaque plan du film, on sent une envie constante d'aller de l'avant. Il possède quasiment la même nervosité, intensité et violence que ses autres films, mais mis ici au service d'une cause qui semble juste : faire avancer l'histoire, faire grandir l'Amérique, et laisser sa trace dans l'histoire de celle-ci (autre grosse thématique fullerienne).
Teklow13
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le 13 févr. 2012

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