Violent Shit
3.4
Violent Shit

Film de Andreas Schnaas (1989)

Violent Shit, un titre poétique qui résume assez bien le film dans son ensemble. Le nom aurait d’ailleurs été rebaptisé ainsi suite au retour d’un critique, du moins d’après la légende. Celui-ci n’ayant été diffusé qu’une seule fois dans un cinéma avant d’être interdit pas la censure et de devenir un objet de culte sur le marché de la vidéo que les amateurs de péloches déviantes se refilaient autrefois sous le manteau. L’oeuvre peut désormais être redécouverte grâce au coffret de Synapse Films que mon meilleur ami a eu le bon goût d’acheter pour notre festival habituelle. Cela me rappel d’ailleurs une anecdote. Je me souviens avoir voulu impressionner mes employeurs à une époque lors d’un entretien d’embauche, où il me demandait mes compétences linguistique en Allemand. Je leur avait rétorqué que j’apprenais la langue depuis quelque mois grâce à des méthodologies vendu sur le marché mais surtout en regardant des films de la nouvelle vague porté par des cinéastes comme Werner Herzog que j’ai cité (la culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale) bien qu’en réalité, je pensais surtout à cette vague underground du splatter allemand auquel des réalisateurs comme Jorg Buttgereit et Olaf Ittenbach ont largement contribué, accompagnés de quelques confrères déjà moins talentueux comme Andreas Bethmann, Timo Rose ou Andreas Schnaas du moins pour le minimalisme presque enfantin de ses scénarios, même si à l’inverse, le réalisateur sait faire preuve d’une extrême brutalité.


Ce Violent Shit marque donc ses début derrière le caméscope avec un budget que l’on devine anémique. La misère narrative et la pauvreté de sa mise en scène sont heureusement compensés par une forte dose d’expérimentation visuels et sonores ainsi qu’un montage plus syncopé, des cadrages originaux à défaut d’être inventifs qui ne correspondait à aucune technique que l’on vous apprend en école de ciné, et une vieille image sale, granuleuse et parasité, ce que l’on ne saurai reproduire en numérique avec la netteté de l’image des appareils modernes. Paradoxalement, c’est ce mélange bordélique, de glitch, de chute de framerate qui participent à l’inconfort de visionnage et permettent justement au film de s’en tirer avec les honneurs, là où une bête mécanique de prédation aurait surtout susciter un ennuie profond. Les looks vestimentaires, coupes au mulet, et vieilles citadines allemandes permettent de bien situer le film entre deux âges (fin années 80-début 90), comme une vieille VHS que l’on aurait déterré dans les bois. Evidemment tout n’est que prétexte à introduire des mises à morts assez sordide, le scénario n’étant qu’une variation teutone de Vendredi 13. D’ailleurs le masque iconique de Karl The Butcher n’apparaîtra que dans le second opus même si on retrouve ici sa gigantesque feuille de boucher qui lui permet de tailler dans la chaire et de ciseler des viscères, quand il n’utilise pas un taille-haie pour démembrer un bûcheron interprété par son réalisateur que l’on aura le privilège d’admirer de dos entrain de pisser contre un arbre.


Côté gore, le gros Schnaas s’est lâché en faisant l’étalage d’un véritable festin de barbaque orgiaque filmé en gros plan, de quoi vous procurer un goregasm, c'est comme un orgasme mais en plus gore. Ce premier essai permet surtout de mieux mettre en perspective la marge de progression du réalisateur (précisons que c’est lui qui fait les effets spéciaux) jusqu’à son Violent Shit 3 Infantry of Doom qui est d’un tout autre tonneau. Ici le film nous place souvent dans une position voyeuriste par le truchement d’une vue subjective qui est celle de son psycho killer, une influence encore une fois à aller chercher du côté de Vendredi 13, même si certaines séquences nocturne dans la forêt ont un petit côté ténébreux digne de Blair Witch (qui on le rappel ne sortira que 10 ans plus tard). Le réalisateur est également parvenu à insuffler une dimension cauchemardesque, pour ne pas dire onirique avec ses images parfois très saturés qui évoque les délires bariolés de Massacre à la Tronçonneuse 2 de Tobe Hooper, ou La Maison des 1000 Morts de Rob Zombie. Violent Shit touche déjà au complexe oedipien avec cette fascination pour le sexe féminin, les seins, et cette sorte de renaissance terminale lorsque Karl se plonge dans le ventre et les intestins de ses victimes, quand ce n’est pas les couilles des hommes qui sont sévèrement maltraités. On sent bien qu’il ne savait pas vraiment comment achever son film, au point d’afficher des images iconoclastes de crucifixion qu’il tente de lier avec la dévotion de son psycho killer pour la chaire humaine. Certes, on pourra difficilement parler du chef d’oeuvre oublié d’un grand auteur même si ce Violent Shit devrait ravir les amateurs de bidoche faisandés qui éprouveront peut-être cette sensation d’archéologue comme à Powerslave7 et moi-même qui avons eu l’impression d’être tombé sur l’arche d’Alliance. Sa place n’est donc pas dans un toilette mais bien une bibliothèque.

Le-Roy-du-Bis
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le 13 mai 2024

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