Virgin Suicides par Sissen
« Virgin Suicides » met exactement le doigt sur ce qu'est cette période trop souvent caricaturée entre enfance et âge adulte. Les garçons plus intrigués et titillés par leurs hormones qu'amoureux, les filles romantiques à outrance, leur vie rêvée dans les yeux. Le dialogue inexistant entre les deux sphères, ou alors calculé pour le paraître. La musique aérienne mais lourde de répétition, la photo pastel ou surexposée selon le moment. C'est ça, l'adolescence : une chambre d'enfant parsemée des premiers artifices de femme, la vapeur chaude, parfumée et irrespirable d'une salle de bains dont on sort, le soleil du printemps sous lequel on joue au grand en se pavanant dans les rues, l'odeur délicate du rouge à lèvres de celle qu'on aime, le gros plan sur le sourire éclatant de celui dont on rêve la nuit. L'obsession sucrée, légère mais lourde de sens et de conséquences si on n'y prend pas garde. Un film de filles au sens propre, pudique, romantique, clinquant, doux et tragique sur tous les niveaux, de la petite déconvenue amoureuse à la triste fin des sœurs Lisbon.