Communiqué officiel du commissariat chargé de l'éducation de la jeunesse et des thalidomides.
Le médecin de l'hôpital - "Tu n'as rien à faire ici, petite (honey). A ton âge, on ne connaît pas la dureté de la vie."
Cecilia, suicidante phlébotomisée - "Manifestement, vous n'avez jamais été une fille de 13 ans"
Le caractère de chacune des filles est différent selon leur développement psychique, métabolique et physique - un développement lisse et déshumanisé parce que stéréotypé par ailleurs. Ce qui les rassemble, de 13 à 17 ans, c'est le poids du conditionnement familial qui uniformise des comportements déconnectés avec les réalités de l'adolescence et qui, par cette déconnexion, potentialise le moindre signe extérieur en relations humaines anormales.
Seuls, les parents n'auraient pas pu créer un tel étouffement de ces individualités. Ainsi la religion catholique est-elle un moteur supplémentaire pour saturer l'espace des relations, des évasions, des échappements, l'espace des possibles.
Paradoxalement, l'absence d'individualités génère une très forte solidarité entre les soeurs. Mais cette solidarité est-elle sincère ? Est-elle autonome ? Ne s'exprime-t-elle pas dans l'adversité ? De même que je ne considère pas la triste fascination dont elles sont l'objet du fait du contexte profondément puritain.
Ainsi il ressortirait de ce fait divers un laboratoire couru d'avance, une incubation (une macération ?) de ce qu'est la nature féminine, une incubation aussi stérile et pure que la croissance de quatre souris blondes.
Pour les mêmes raisons qui font les qualités de ce film, pour ce discours sur la nature et les circonstances d'un fait divers raconté par un Christophe Hondelatte à une heure où les enfants font des cauchemars, Virgin Suicides n'est pas une oeuvre souhaitable pour l'étude des jeunes filles en fleurs, pour l'étude du désenchantement et de la perte de l'innocence.
En revanche, pour couper bien net des arbres, j'dis pas.