SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Visions
5.1
Visions

Film de Yann Gozlan (2023)

Une belle réalisation pour un script creux

La première chose qui frappe avec ce film, c'est à quel point il est bien réalisé. Pour une fois, le cinéma français s'éloigne de l'académisme ambiant pour proposer un thriller avec une véritable personnalité. Il y a une ambition dans l'ambiance, dans la photographie et même dans la musique qu'on trouve généralement assez peu dans l'Hexagone. On est encore loin de la plus grosse production américaine, mais c'est déjà pas mal.

Mais les bons points s'arrêtent là. Il est dommage que cette débauche créative sur la forme soit aussi absente sur le fond. Car ce thriller ne repose que sur deux choses : les effets de style non-justifiés et la stupidité de son héroïne.

Le film aime bien jouer sur l'idée que son héroïne aurait des visions de l'avenir voire serait une voyageuse temporelle. Je n'ai rien contre cela, loin de là, mais tout cela reste à l'état d'idée narrative sans que cela ne s'intègre à l'histoire. Le récit refuse de faire le saut dans le registre fantastique et s'enfonce dans un cadre réaliste même lorsque certaines scènes n'ont aucun sens sans faire intervenir le voyage temporel (comme la scène de fin). Au final, tout ça sent l'effet de style lourdingue davantage qu'un récit palpitant, et crée des incohérences dans les visions de l'héroïne qui sont justifiées pour certaines, mais qui anticipent des choses impossibles à anticiper sans faire intervenir le voyage dans le temps.

L'héroïne (Estelle) est le véritable problème du film. Très vite, on comprend que sa maîtresse est une dangereuse prédatrice peu fréquentable, mais Estelle préfère projeter cette inquiétude sur son mari. Alors certes, Mathieu Kassovitz a une allure et un jeu inquiétants, mais rien dans le script ne suppose qu'il pourrait se montrer particulièrement violent. En réalité, le film se suicide tout seul en révélant très vite qu'Ana est dérangée sans montrer une quelconque forme de violence de la part de Guillaume ailleurs que dans un rêve. Estelle passe donc le film à découvrir qu'Ana a un problème (chose que le public sait très vite) et à s'inquiéter d'une menace non-palpable avec Guillaume. Pire : celle-ci fonctionne totalement à l'instinct sur base de ses "visions" qui sortent de nulle part, transformant cette femme en idiote irrationnelle et donc peu appréciable.

Bref, Visions aurait pu être un grand film si seulement le script avait été correctement écrit. Et c'est dommage.

MarxLeCyberpunk
4
Écrit par

Créée

le 6 sept. 2023

Critique lue 183 fois

Critique lue 183 fois

3

D'autres avis sur Visions

Visions

Visions

le 6 sept. 2023

Pompages !

Pillant chez Hitchcock (clins d'œil - c'est le cas de le dire - à Vertigo, Psychose, pompant allégrement sur un autre long-métrage du Maître du suspense !), De Palma, Verhoeven (pour la portée...

Visions

Visions

le 7 sept. 2023

Comme un avion qui bat de l'aile

Après une Boîte Noire diablement réussie, dire que le nouvel opus de Yann Gozlan était très attendu relevait de l'euphémisme. D'autant plus qu'il persévère avec Visions dans le genre thriller...

Visions

Visions

le 25 août 2023

Décollage cauchemardesque imminent

Au vu de Visions, si l'on ose dire, il est permis de se demander, après le succès de Boîte noire, quelle mouche a bien pu piquer Yann Gozlan. Peut-être l'ambition incongrue de réaliser un thriller...

Du même critique

Visions

Visions

le 6 sept. 2023

Une belle réalisation pour un script creux

La première chose qui frappe avec ce film, c'est à quel point il est bien réalisé. Pour une fois, le cinéma français s'éloigne de l'académisme ambiant pour proposer un thriller avec une véritable...

Une nuit

Une nuit

le 8 sept. 2023

Poésie de la flamme amoureuse

Dans l'absolu, ce film est d'une simplicité monstre : deux acteurs réunis pour discuter dans une succession de décors avec une mise en scène se résumant globalement à des champs-contrechamps. Mais...

Le Passé retrouvé

Le Passé retrouvé

le 25 août 2023

Touchante relation entre une grand-mère et son petit-fils

Porté par une Charlotte Rampling toujours extraordinaire, Juniper est surtout l'histoire du lien fort qui unit une grand-mère iconoclaste et son petit-fils paumé. Autant dire que ça me rappelle pas...