Après tous les tâtonnements (le démentiel générique d'ouverture d'Ingression) et les abandons de ces dernières années (on se rappelle de l'annulation de la campagne de financement de ce remake malgré un franc succès de recettes), voilà le dernier Iskanov qui revient avec une formule raccourcie et totalement repensée de Visions of Suffering. Verdict : les tares se voient davantage (surtout si l'on est entamé par la fatigue), mais la carrure est toujours au rendez vous.


Ici, Iskanov délaisse les expérimentations what the fuck et les digressions qui abondaient dans son précédant film, pour se concentrer sur le personnage de Shevchenko harcelé dans sa tour d'immeuble par des démons prenant les traits de sa compagne, et une plongée progressive dans un enfer à l'onirisme très distendu. Toujours pêchu au niveau du montage et bourrin dans les effets visuels, le film recentre ses obsessions esthétiques sur un vert/bleu maladif, que viendra ponctuellement émailler un jaune fiévreux. Malheureusement, ce que le film gagne en cohérence, il a tendance à le perdre en potentiel de surprise, et finalement, on s'ennuiera un petit peu en attendant l'avancée dans la folie. Avancée qui sera d'ailleurs copieusement appesantie par les dialogues, d'une vulgarité assez regrettable au vu du soin apporté à l'impact des effets. On a l'impression à ce stade d'avoir affaire à de l'improvisation sans intérêt, puisque toute l'angoisse passe strictement par le visuel.


Toutefois, les apparitions de la succube récompenseront l'attente. Un superbe démon, très cheap dans les moyens, mais dont la silhouette, le sourire carnassier et les mains difformes évoqueront indéniablement Nosfératu, en conjuguant la force picturale de Murnau et l'impact terrifiant de la version Herzog. Admirablement esthétisée et menaçante, elle est le nouveau visage de Visions of Suffering, et supplante sans aucun mal les étranges créatures à la dark city de la première version. Authentiquement terrifiant durant son dernier tiers, Iskanov en redonne à son public, hélas sans pousser loin son idée, qui possédait encore un potentiel puissant. Toutefois, le maître de l'underground russe est toujours en forme, espérons que le prochain projet pourra maintenant se lancer de façon plus sereine.

Voracinéphile
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le 11 mars 2018

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