Qu’il m’aura donné du mal ce film…


Je savais depuis longtemps qu’il s’agissait d’un chef d’œuvre, mais jusqu'à maintenant je n’arrivais pas à le visionner, d’ailleurs, pour être honnête, je n’arrivais même pas à m’investir dans son histoire. Déjà, il y a plus de dix ans, j’avais eu l’occasion de le voir, mais j’avais décroché au bout de quinze minutes, découragé par cette ambiance glauque et un R.P. opaque que je n’arrivais pas à cerner et qui me dérangeait fortement. Le film me m’était trop mal à l’aise, et j’étais plus en souffrance qu’en admiration devant le chef d’œuvre. Aujourd’hui, j’ai retenté ma chance, et ouf ! j’ai réussi à aller jusqu’au bout… D’accord, d’accord, je ne le regrette pas. C’est un bon film. Particulièrement efficace même. Non... que dis-je ? C'est une merveille!


Je vais vous épargner le synopsis, les anecdotes et tout le tralala... Avec des monuments pareils, ça ne vaut plus la peine de les évoquer. Tout le monde sait de quoi il en retourne. Je voudrais seulement vous donner mon avis, et comme vous l’avez déjà compris, j’étais largement réfractaire à accueillir ce film, et surtout, il ne m’attirait pas du tout. Oui c’est vrai je suis plutôt du genre à m’éclater devant « La Mélodie du bonheur », ou encore un bon classique Disney, alors vous imaginez que ce genre de spectacle glauque et sinistre n’est pas vraiment mon délire. Qu’importe, il fallait bien que je me fasse violence, malgré ma tentative avortée par le passé, car ce Vol au-dessus d’un nid de coucou et tout de même un putain de chef d’œuvre. Et lorsqu’un film parvint à convaincre un public de prime abord hostile, c’est tout de même assez exceptionnel et cela doit être souligné.


Pour rentrer dans le vif du sujet, les films qui traitent des troubles psychiatriques m’ont toujours foutu les boules, faut dire que je suis moi-même pas tout à fait normalement constitué et c’est peut-être pour ça que ce genre d’ambiance me gêne autant. Je n’ai pas vraiment apprécié le rythme, que j’ai trouvé lourd, en raison notamment de nombreuses scènes que j’ai trouvé superflues. Je n’ai pas aimé l’absence d’une véritable introduction. Le film démarre de but en blanc, et le public est largué dans cet établissement psychiatrique comme s’il était lui-même interné, ça fout les j’tons (après c’est aussi un coup de maitre du réalisateur, je précise). L’ambiance sonore est un peu décevante, d’ailleurs je n’y ai accordé presque aucune attention.


Je vais arrêter de chipoter et parler maintenant de ce qui fonctionne dans le film. Jack Nicholson ! Dois-je le préciser ? Non, mais sérieux, ce mec est un Dieu du cinéma. Il m’a fait kiffer. Je l’ai trouvé sublime, magique, grandiose… bref, j’ai rarement vu des performances aussi impeccables. Un bijou ce mec. Louise Fletcher n’est pas en reste, et égale la performance de Nicholson. Majestueuse dans son attitude nonchalante teintée de mépris, elle est incroyable, à tel point qu’on réalise qu’on la déteste avant même de savoir pour quelle raison il faut la détester. Vous me suivez ? Non, ce n’est pas grave. Tout ce que je veux dire c’est qu’elle est éblouissante, et qu’elle perce l’écran. Une véritable actrice ? Je regrette d’ailleurs de ne la remarquer que maintenant. En ce qui concerne les rôles secondaires, je les ai tous appréciés, sans aucune exception. Je dois citer quelques notions très honorables en la personne de Brad Dourif (Billy), qui est hyper touchant, ainsi que les inattendus Danny DeVito et Christopher Lloyd, dont je ne savais même pas qu’ils jouaient dans ce film…


L’intrigue flirt avec le sublime. Cet homme dont on comprend très vite qu’il n’est pas fou et qui tente simplement d’échapper à la prison est pris à son propre jeu. Évoluant dans ce monde troublé, on se demande tout le long du film à quel moment il va péter les plombs et perdre complètement les pédales. Un sentiment d’horreur irrépressible nous envahit, car on constate que le piège se referme sur ce personnage irrévérencieux, et pourtant si censé, pour qui l’on se prend d’une affection vertigineuse. L’histoire relève du génie créatif, je me sens obligé d’employer ces mots.


L’ambiance m’a mis mal à l’aise, mais je ne suis pas complètement abruti, et je comprends bien que l’intention du réalisateur était justement de faire grandir cet inconfort en nous. Mission réussie. Tout le long du film j’étais partagé entre l’envie de fuir et de rester devant ma télé, un paradoxe cruel avec lequel j’ai dû composer. Je ne dirais donc pas que j’ai apprécié l’atmosphère de l’oeuvre, mais je reconnais qu’elle fonctionne à merveille et qu’elle obtient ce qu’elle veut de nous. Seuls les génies parviennent à ces fins.


Enfin, pour finir cette critique, j’ai envie d’évoquer la fin, qui est d’une part, assez inattendue, malgré les quelques indices qui nous mettent sur la voie tout au long de l’histoire, et bien entendu, elle est aussi sacrément efficace, avec une intensité dramatique étonnante. J’ai trouvé cela parfait.


Ce n’est donc pas un coup de cœur pour moi, mais je reconnais ce film comme étant un coup de maitre, un pur chef-d’œuvre. Bravo Forman.

Casse-Bonbon

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