Chaque œuvre de Gaspar Noé est une expérience, souvent traumatisante, parfois à base de provocation et d'images hallucinées. Vortex se place dans un registre différent, dépouillé et faussement documentaire, mais ce qu'il exige du spectateur est immense, dans cette étude au noir qui ne laisse aucune place à la fantaisie. "On est bien peu de chose" (Mon amie la rose) interprète une Françoise Hardy juvénile, en ouverture du film, mais c'est bien son seul moment apaisé. D'emblée, le procédé du split screen divise l'attention : il n'est pas sûr qu'il soit bien utile, se dit-on, avant de se raviser et de comprendre qu'il est un moyen de montrer deux personnes, qui forment un couple depuis longtemps, qui s'isolent de plus en plus dans leur propre univers malade. Ce véritable crépuscule des vieux, dans la violence d'une dégénérescence annoncée, prend à la gorge et ne se desserre jamais, y compris quand le fils, irresponsable, daigne visiter ses vieux parents. Jusqu'au bout, Gaspar Noé maintient la note dans une atmosphère irrespirable que l'on ne peut comparer qu'à Amour de Haneke, auquel il n'est pas interdit de penser. Dans un rôle dément, c'est le cas de le dire, Françoise Lebrun dépasse l'entendement, niveau auquel ne saurait prétendre Dario Argento, dont le manque d'expérience d'acteur se fait parfois sentir. Quant à Alex Lutz, il élargit encore sa palette dans un rôle complexe dont il se tire bien. Certains cinéphiles, pour le moindre film marquant, utilisent le terme galvaudé de "claque." Et Vortez, ce serait quoi, alors ? Un KO assené par les poings de Mike Tyson ?

Cinephile-doux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2022 et Les meilleurs films de 2022

Créée

le 28 mars 2022

Critique lue 1.5K fois

21 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

21

D'autres avis sur Vortex

Vortex
Moizi
8

Encore un film où le temps détruit tout

Vortex est, encore une fois, un film terrible réalisé par Gaspar Noé, mais là il fait un peu son Amour. On est loin de la violence physique, de la débauche de sexe qu'il peut y avoir dans d'autres de...

le 26 avr. 2022

61 j'aime

2

Vortex
Sergent_Pepper
6

Flagada split

Si l’on égrène les sujets de prédilection du franc-tireur Gaspar Noé, la première réussite de son nouveau film sera sans conteste de pouvoir à nouveau créer la surprise. Le cinéaste habitué des...

le 14 avr. 2022

48 j'aime

Vortex
takeshi29
7

A tous ceux dont le cerveau se décomposera avant le cœur...

Gaspar Noé nous rappelle de manière radicale que tout n’est pas divertissement, qu’aller voir un film sur le déclin, la maladie, la fin de vie peut s’apparenter à un engagement, celui d’accepter de...

le 16 avr. 2022

34 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13