D'un côté, un grand-père, Martin Vanderhof, qui fut jadis un homme d'affaires prospère qui, un beau matin prit conscience que l'argent ne fait pas le bonheur et que la vie est trop courte pour ne pas faire ce dont on a envie. Il élève sa famille dans ce sens et ne compte plus ses amis. Lui-même est devenu expert en philatélie, sa passion, qui lui rapporte quelques revenus. Chacun dans la maisonnée ne vit que par et pour son hobbie : la fabrication de pétards, la danse, le xylophone, les automates, la rédaction de pièces de théâtre, ...


De l'autre, un banquier prospère, Kirby, dur en affaire qui ne rêve que de croissance, de monopole (sur les armes, en 1938, avec ce qui se prépare ...), de pousser à la ruine le concurrent. Sa vie n'est qu'une lutte pour être le plus riche. La famille Kirby est dan la banque "depuis au moins 9000 ans" dira son fils avec dépit. Il n'a que des relations. Est-il heureux ?


Entre les deux, le fils du banquier, Tony Kirby, qui n'est pas vraiment intéressé par les affaires de son père mais qui est fou amoureux d'Alice, la petite fille Vanderhof et qui est séduit par les choix de vie et le bonheur communicatif de sa future belle-famille.


Voilà les bases d'un scénario qui promet. Franck Capra signe une fable optimiste et réjouissante dans laquelle deux conceptions de la vie diamétralement opposées et absolument inconciliables font finir par se rejoindre parce que décidément, personne "n'emportera rien avec soi" dans la mort.


Au delà de l'aspect burlesque et complètement déjanté de la famille, le grand-père est un véritable gourou et régente précisément la liberté de chacun. Il sait parfaitement redevenir sérieux sur les questions importantes à savoir le bonheur de chacun. Par exemple, il écoute Alice avec une grande attention et une grande tendresse lorsqu'elle vient lui confier son amour pour Tony. De même, il prend le temps d'écouter un Kirby désemparé par le rejet de son fils, Tony et lui explique les recettes simples du bonheur.
C'est un génial Lionel Barrymore qui interprète ce personnage, en apparence seulement, loufoque dont on comprend vite ses motivations profondes.


Justement la comédie "prend" parce que Franck Capra sait mélanger les styles, les scènes hilarantes avec les scènes plus sérieuses, en général des face à face, dans lesquels les personnages révèlent leur personnalité.
Le plus bel exemple est la très belle scène sur le banc public où Alice initie Tony aux mystères de sa famille et où Tony dévoile ses espoirs lors de ses études et ses déceptions. Comme si on ne peut pas être sérieux trop longtemps, la scène s'achèvera de façon ludique lorsqu'une bande (sympathique) de petits gamins hauts comme trois pommes vient initier le couple à une danse endiablée au son d'un accordéon.


Je n'ai pas encore parlé de ce fameux couple interprété par Jean Arthur dans le rôle d'Alice et James Stewart dans le rôle de Tony. James Stewart a trente ans lorsqu'il joue ce rôle et il est à la fois tendre et timide. Jean Arthur est à la fois rêveuse et hardie. Tous les deux ont des étoiles dans les yeux. Ils sont magnifiques.
Kirby père, l'homme d'affaires, est interprété par Edward Arnold qu'on retrouvera dans un rôle similaire dans "l'homme de la rue" du même Capra...


Franck Capra propose dans ce film une réflexion sur les comportements individuels (réussite, enrichissement personnels) conduisant à un enfermement sur soi qu'il oppose aux comportements plus ouverts, solidaires, altruistes.
C'est encore une leçon - ludique et fort plaisante - d'humanisme.

JeanG55
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le 1 avr. 2022

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JeanG55

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