Voyoucratie. Derrière ce titre se cache une réalité difficile à décrire pour qui ne l'a pas vécue. La voyoucratie, c'est ce monde où chacun magouille pour s'en sortir, de façon rarement très honnête. Mais de la petite délinquance au grand banditisme, la ligne n'est pas toujours claire et tangible.


Voyoucratie, le film, nous présente le personnage de Sam. ''Un personnage toujours borderline'', comme le décrit l'un des réalisateur FGKO, lors de la cinexpérience. Au moment où on le découvre, Sam sort de prison. Sans doute pour possession de stupéfiant. Et il s'apprête à reprendre cette vie. A retrouver son ex et leur fils, à magouiller pour pouvoir lui payer des glaces et devenir un bon père. Mais Sam est borderline, car même s'il fait tout pour effectivement, correspondre à l'image du bon père, il est rattrapé par ses pulsions envers les femmes, par la violence, par un univers où la limite n'existe pas.


Les personnages, souvent à la limite du cliché, sont castés avec justesse. Malgré quelques têtes trop connues et reconnues qui nous sortent quelques instants de l'illusion. Cette facette s'avère efficace pour renforcer le trait sur le personnage principal, centre de toute notre attention de spectateur, entre répulsion et compassion.


Le deuxième héros de ce film, c'est ce milieu anxiogène. Des lieux bien reconnaissables de Paris, à la mode d'un film de gangsters new-yorkais. Ça ne se passe pas seulement ailleurs. Cette expérience de la violence est faite par le spectateur. Car si Voyoucratie ne réinvente ni le propos anti-manichéen, ni le cinéma, il nous fait vivre quelques instants en immersion dans cette terreur sans fin. ''On voulait voir jusqu'où on pouvait aller dans l'identification'' expliquent FGKO. Certains sont pourtant allé bien plus loin avant eux, dans la violence, le viol, le meurtre, tout en gardant l'identification (pour n'en citer qu'un seul, prenons Orange Mécanique). Il n'empêche que le film a le mérite d'apporter une bonne claque dans la figure, de par son mélange d'authenticité et d'imprégnation à base de films noirs.


Le film nous présente un basculement. Du petit délinquant au bandit, du petit deal au meurtre. Et en même temps il garde les traits d'un voyage initiatique, où l'enjeu est de trouver sa place.


Louise Boutard

Luizette
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le 24 janv. 2018

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