Ce n’est pas un film prétentieux sur la jeunesse qui se fourvoie, ce n’est pas un film trash qui fait l’apologie des truands, ce n’est pas un film débridé narrant une guerre de plus entre un gang et les flics. Voyoucratie, c’est une vraie histoire, celle de Sam (Salim Kechiouche, écorché vif dans ce film) formaté et conditionné depuis toujours pour être un voyou.


Tout juste sorti de prison après un braquage qui a tourné court, il va vite retrouver ses petites habitudes de délinquant, ses mauvaises relations (Abel Jafri, véritablement inquiétant et dangereux), et sa compagne toxico (Elsa Madeleine, particulièrement juste entre force et fragilité). Rien à sauver pour lui dans ce retour aux sources, à l’exception de son fils.


Mis dos au mur en cours de route par la police (Joe Prestia, une nouvelle fois impérial), Sam n’est plus libre de rien et va devoir vivre plus dangereusement encore que par le passé, alors que le bien-être de son fils et sa volonté de devenir un père à part entière vont prendre de plus en plus de place dans sa vie.


Bientôt isolé, Sam n’a plus que deux options : sortir son gamin de ce merdier qu’est sa vie, ou céder aux règles de la Voyoucratie et à son cortège de sacrifiés.


Ce n’est pas un film contemplatif, c’est un film immersif. Nous ne sommes pas spectateurs de la vie de Sam, nous l’accompagnons littéralement. L’histoire classique des autres films qui débitent les pérégrinations nocturne d’un antihéros trop noble pour être crédible n’a pas lieu d’être ici.


Ce film c’est le cheminement d’un homme malsain qui se cherche une planche de salut (son frère), une rédemption (son fils), et qui va tenter de tourner le dos à tout ce qu’il a connu jusqu’alors pour s’ouvrir les portes d’un véritable avenir. Pour se faire, deux montagnes à gravir : regagner le respect de son grand frère (Hichem Yacoubi, extraordinaire de maturité et de bienveillance) et devenir enfin un père digne ce nom. En sauvant son fils, c’est peut être lui-même que Sam va sauver. Et c’est ça, son phare dans la nuit.


Voyoucratie est un vrai Film de Cinéma, soutenu par un casting intelligent et pertinent, filmé comme il se doit, de manière énergique et directe, à l’épaule. C’est un film courageux dans sa narration et sa construction, sans artifice, qui ne se cache derrière aucune débauche de fric pour raconter son histoire. C’est un film noir portant en son cœur une lueur d’espoir tenace, c’est un appel à l’amour et à la vie, lancé du fond de l’abime.


L’audace de FGKO de nous proposer cette narration brutale, tellement efficace pour un premier long métrage se transforme en pari réussi, en ayant fédéré autant de talents autour d’eux. Voyoucratie fait honneur au 7e art, dont il s’est nourri. Il est basé sur les fondamentaux du métier, offrant une réalisation limpide et réaliste, livrant un film à l’ancienne, d’hommes et de femmes auxquels on croit, qui parviennent aussi à nous faire rire, nous émeuvent, et nous captivent.

SebastienGonthier
10

Créée

le 28 janv. 2018

Critique lue 585 fois

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