Faut-il encore préciser que c'es le premier film officiel saoudien et que c'est une femme qui l'a réalisé ?


Ce personnage de Wadjda m'a particulièrement touché car elle incarne la force de l'émancipation, la volonté de liberté, au delà des nomes édictées par la société saoudienne, on ne peut plus machiste et traditionaliste.


Car elle a du répondant cette petite ! Elle a des répliques cinglantes que les adultes excusent encore à cause de son jeune âge, mais qui hélas, on le pressent, bientôt ne passeront plus.
C'est une rebelle : à l'école elle porte des baskets américaines et un jean sous son uniforme. Elle s’accoquine avec des grandes filles un peu rebelles comme elle. Elle écoute de la variété internationale sur son poste de radio.
Elle a aussi des rêves plein la tête : notamment avoir un vélo à elle et apprendre à en faire, pour se mesurer à son meilleur ami Abdallah.
Se croire l'égale d'un garçon, c'est ça la vraie révolution.


Elle est prête à tout pour réaliser on rêve : apprendre à psalmodier le coran et apprendre des quantités de sourate par cœur, pour toucher le prix du concours des meilleurs lectures du coran organisé par son école. apprendre à faire du vélo sur celui d'Abdallah sur le toit de sa maison. réserver son vélo auprès du commerçant. vendre sous cape, des cassettes de musique qu’elle a enregistrées elle-même.
Les obstacles seront nombreux : l'opposition de sa mère, les sanctions de la directrice de l'école, les carcans de la religion interprété dans son sens le plus radical et évidemment le plus liberticide pour les femmes.


Outre cette histoire particulière, le film a le mérite de nous montrer à nous occidentaux, les rites, les travers et les paradoxes de la société saoudienne contemporaine : l’éducation des petite filles vs leur absence de perspective réelle d’émancipation. Le rôle assigné aux femmes est bien décrit : servir l'homme, accepter la polygamie, travailler mais en se cachant des hommes, ne pas pouvoir conduire, inculquer à ses enfants les valeurs religieuses et traditionnelles.


Certains diront que la fin est un peu teintée de morale convenue -voire américaine- genre '"avec de la persévérance, on peut aller au bout de nos rêves"). Moi, je l'ai vu comme un signe de progrès, d'évolution possible à travers ce geste d'une mère qui se dit : après tout, vu ce que les femmes vivent ici, autant que la mienne vive ses rêves. C'est une solidarité féminine toute nouvelle pour cette femme qui s'est vue évincée par le choix de son mari de prendre une deuxième épouse.


Certes, ce film n'est pas très original dans sa réalisation, mais il représente tout de même un bond en avant au sens politique du terme : un film fait par une femme et sur les femmes.

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le 20 oct. 2015

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