J'écris cette critique actuellement, sans savoir quelle note je vais attribuer à ce film. Ce qui est sur, c'est que Wall-E fait partie de ces films de Pixar qui ont permis de les mener définitivement sur la voie de la reconnaissance, apres un sans faute impressionnant (enfin, un quasi-sans faute, pour ma part...) sur le plan artistique.
Wall-E est aujourd'hui encore, selon moi, le Pixar le plus original. Regorgeant d'idées, clairement engagé, son scenario se suit agréablement avec, pour seul défaut, d'être légèrement répétitif dans sa seconde partie (qui n'est qu'une course poursuite. J'ai toujours eu un peu de mal avec les films qui reposent essentiellement sur des couses poursuites.). Un autre point que j'ai eu du mal à apprécier est le comportement du méchant de l'histoire. Certes, on ne s'attend pas à ce que ce soit lui (ni d'ailleurs à la présence d'un méchant), mais ses motivations sont particulierement floues, et donc, j'ai du mal à apprecier ses scènes. Mais au delà de cela, l'histoire est prenante, et surtout, intelligente. Car si le monde décrit dans Wall E fait partie de la science-fiction, il questionne directement nos propes comportements.
Dans Wall-E, il existe deux grands axes, deux grands themes : le premier est celui de l'environnement. Ce film nous rappelle que la nature, notre planete, nous est vitale. Pas seulement pour notre survie, mais aussi pour notre bonheur. Car si dans le film, l'espèce humaine survit tranquillement, elle n'en reste pas moins passive, enfermée dans la routine. Apres tout, rien n'empêche aux humains de rester éternellement sur leurs vaisseau puisqu'ils y ont tout ce qu'ils pourraient souhaiter. Pourtant, l'appel de la terre, le désir de revenir vers elle, se fait intense, nous rappellant alors que nous ne pourrons jamais oublier d'où nous venons, ni nos racines et les conditions de nos vies en tant qu'humains. Le Capitaine le dit d'ailleurs en une seule phrase : il ne veut plus survivre, il veut vivre, et c'est pour cela qu'il prend le chemin de la terre, et qu'il agit seul, peut-être pour la première fois de sa vie. Ce qui nous ammène à notre second theme : celui de l'humanité. Avec Wall-E, on se questionne : qu'est-ce que l'humanité ? Est-elle dépendante du fait d'être humain, ou peut-elle se trouver chez d'autres espèces ? Cette réponse devient eveidente dès lors quenous pénétrons dans le vaisseau ou se réfugient les humains : ceux ci, passant leurs journées affalés, connectés uniquement par les technologies, incapables d'agir seuls, débordant de confort, paraissent alors bien peu humains. Ils donnent même l'impression d'être des robots, a contrario de Wall-E, paradoxalement le personnage le plus humain de tout le film. Au delà donc d'une critique de la société de consommation actuelle et de la pollution, le film nous oblige à nous regarder en face, et à nous demander, ce que signifie clairement notre humanité. Impressionnant, et réussi.
L'autre partie du scenario qui a donné sa reconnaissance au film est l'histoire d'amour entre Wall-E et Eve. Celle ci, décrite tout en douceur et poésie, permet d'apporter au film la touche moins sérieuse qu'il lui fallait pour toucher le public. Cette histoire touchante, tendre, parfois drôle, est impeccablement réalisée. Le duo de robots est ultra-attachant et la façon dont Eve résiste à cet amour en fait une merveille. Car si Wall-E semble avoir un coup de foudre et l'accepte d'emblée, Eve se montre beaucoup plus froide au début -en dépit de son attirance- jusqu'à ce qu'elle réalise à quel point son compagnon tient à elle. Alors, elle fera également tout pour lui. Les scenes entre ces deux là sont magnifiées, en plus, par une poésie remarquable, mettant en valeur leur amour sans jamais que ce ne soit niais, offrant au spectateur des moments d'une rare beauté visuelle. Merveilleux !
Mis à part Wall-E et Eve qui brillent, l'un par la sympathie immédiate qu'il provoque, l'autre pour sa force féminine et son fort caractère, aucun personnage ne sort du lot. Ils sont tous assez anecdotiques, sans doute plus a cause de l'aura qui entoure ces deux là que de leurs défauts, d'ailleurs. Le seul personnage secondaire un peu mémorable se trouve dans le personnage robot nettoyeur, maniaque, qui, sans utilité particulière, n'en reste pas moins tres amusant, tout en provoquant une certaine sympathie.
Wall-E, enfin, bénéficie d'une merveilleuse animation. L'environnement terrestre post-apocalyptique, le froid vaisseau spatial, sont impressionnants, mais les moments dans l'espace se distinguent par leur grande poésie. Dans tous les cas, les textures, les mouvements, sont une réussite, et l'apparence du film en général est superbe.
Ce film est rempli de bons points et se doit d'être découvert. Son originalité, son absence presque totale de parole dans sa première partie, son histoire d'amour poétique et ses nombreux messages intelligents méritent une attention soutenue de la part de tout fan d'animation.