W&G :Un retour en pâte et en grâce – 7/10

Presque vingt ans après Le Mystère du Lapin-Garou, Wallace et Gromit reviennent enfin sur grand écran, et quel bonheur de retrouver cette animation en pâte à modeler à la fois artisanale et pleine d’esprit. La Palme de la Vengeance n’a rien perdu de ce charme très britannique, mélange de flegme absurde, d’inventivité mécanique et d’humour pince-sans-rire. Derrière sa forme bonhomme et son esthétique délicieusement anachronique, le film d’Aardman cache encore une fois une vraie maîtrise du rythme et une affection sincère pour ses personnages.

Le duo fonctionne toujours aussi bien : Wallace, inventeur gaffeur à la bonne volonté maladroite, et Gromit, son chien stoïque à l’intelligence supérieure, composent un tandem comique qui n’a pas pris une ride. Ici, l’histoire les embarque dans une intrigue de vengeance horticole pleine de rebondissements, autour d’un mystérieux concours de palmiers… et d’un rival prêt à tout pour décrocher la fameuse palme. C’est à la fois complètement absurde et délicieusement so british, avec ce mélange d’élégance et de nonsense qui fait toute la marque d’Aardman.

Techniquement, c’est superbe. Le stop motion, dans sa texture tangible et imparfaite, confère une chaleur que les productions entièrement numériques ont souvent perdue. Chaque plan respire le travail manuel, le détail minutieux, la lumière douce et feutrée d’un univers miniature. On sent la patte d’artisan, la passion du geste, et cette envie de faire sourire avec des moyens presque d’un autre temps.

Si le scénario ne révolutionne rien, on reste sur une trame assez prévisible, avec quelques longueurs dans son milieu, l’ensemble reste porté par un rythme enlevé, un humour universel et des trouvailles visuelles constantes. Et surtout, il y a cette tendresse, cette mélancolie discrète qui flotte derrière chaque gag. Comme si, derrière la farce, Aardman glissait toujours une petite réflexion sur la fidélité, la solitude ou le passage du temps.

La Palme de la Vengeance est un retour réussi : drôle, poétique, un peu désuet, mais profondément attachant. Wallace et Gromit rappellent que le cinéma d’animation peut encore toucher, émerveiller et faire rire sans tapage, juste avec de la pâte, du talent et un soupçon de folie douce.

À découvrir!