J'ai voulu regarder We need to talk about kevin après avoir vu Ezra Miller dans The perk of being a wallflower (le monde de Charlie en Français). Un rôle tout à fait différent mais tout aussi subtil dans les nuances que peut manifester un personnage.
Pour en dire quelques mots sans spoiler, dès le début, We need to talk about Kevin semble long. En effet, il faut s'accrocher jusqu'au bout pour comprendre, ou du moins, pour en revenir aux faits. Tout dépend bien sûr de la personnalité du spectateur et de ce que l'on apprécie dans un film.
- Le scénario est intéressant : le présent s'imbrique aux passés lointain et proche. Au début, c'est un peu déroutant mais on s'y fait. Les scènes font écho entre elles, j'ai beaucoup aimé ces éléments de transition.
- Le décor est épuré, chaque objet est là pour ajouter un élément, souvent là pour souligner la psychologie d'Eva, personnage que nous suivons du début à la fin. Le fil conducteur serait le suivant : comment reprendre sa vie en main en partant d'un lourd passé, fardeau qu'Eva doit porter aux yeux du monde.
Le film est singulier en ce que les personnages victime/criminel ne sont pas antagoniques. C'est un drame familial, nous sommes donc confrontés à la fois à l'amour et à la haine, au privé et au public. Traditionnellement, le méchant est méchant point barre. Ici, nous sommes amenés à réfléchir sur le bien et le mal, aussi exprimés au travers des couleurs, brutales selon moi. Le rouge fait écho au sang, le jaune représente sûrement la vie ou en tout cas une force, une dynamique. Eva lutte pour chasser le rouge qui sali son foyer, sa maison. Toutes ces couleurs sont employées dans chacune des scènes et se reflètent toutes dans la pupille de Kevin à un certain moment...
Venons en au jeu de Kevin, tant enfant qu'adolescent. J'ai été frustrée que son personnage n'ait pas été plus travaillé, mais c'est le but : Kevin est un point d'interrogation. Il semble vide de toute humanité "what personnality ?" dit-il quand sa mère lui dit qu'elle décor sa chambre pour refléter sa personnalité. Avec Kevin, c'est le thème de l'éducation qui revient. Est-ce-que le rôle des parents est remis en cause ? Est ce que la haine est engendrée ou est-elle totalement indépendante du contexte familial ?
Pour ce qui est des sons, ils ajoutent une atmosphère lourde. Les bruits oppressants sont alternés à une musique country qui crée une rupture et rend certaines scènes pittoresques.
Je recommande We need to talk about Kevin car c'est une oeuvre d'art comme on peut l'entendre au 21ème siècle : ce n'est pas agréable à voir mais en étant un spectateur plus ou moins actif on découvre les subtilités. Ce n'est ni un reportage ni un documentaire : ce n'est en rien la réalité mais un support qui nous confronte à une réalité et nourrit un questionnement. C'est donc un film à voir au moins une fois. Ma note (très subjective, ça n'a pas été un coup de coeur) : 7/10.

ophelieromignac
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le 27 avr. 2015

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Elie Yonah

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