Andrew Haigh signe avec Weekend une romance pédée à la fois minimaliste et d’une intensité rare. Sur trois jours, dans un Nottingham gris et ordinaire, Russell (Tom Cullen) et Glen (Chris New) se rencontrent, passent la nuit ensemble… et ne se quittent plus, conscients que le temps leur est compté. Ce qui pourrait n’être qu’une parenthèse érotique devient un récit sur la vulnérabilité, la mémoire et l’impact que peut avoir une rencontre sur une vie.
La force du film, c’est son écriture : rien n’est surligné, tout se joue dans les regards, les silences, les maladresses, les discussions à demi-mots sur le sexe, l’amour, l’identité. Pas de grand geste mélodramatique, mais une justesse émotionnelle qui rend cette romance profondément crédible. C’est une histoire de cisgays assumée, sans détour ni filtre hétéro-compatible, et ça fait du bien : on parle de pratiques sexuelles, de coming out, de politique queer, mais aussi de banalité du quotidien — et tout ça cohabite dans une même bulle.
Les deux acteurs sont exceptionnels : Tom Cullen apporte à Russell une douceur timide, un mélange de réserve et de désir qui évolue tout au long du week-end. Chris New, plus frontal et provocateur, incarne Glen comme un feu follet, à la fois drôle, incisif et terriblement humain. Leur alchimie est palpable, rendant crédible chaque échange, chaque geste, chaque moment volé.
Haigh filme tout ça avec une caméra proche des corps, une lumière naturelle, des dialogues improvisés qui donnent au film une dimension presque documentaire. Ce réalisme sert le propos : montrer que les histoires d’amour qui sortent de la norme hétéra n’ont pas besoin d’être tragiques ou spectaculaires pour être puissantes.