For relaxing times, make it Suntory time (Franklin Delano Roosevelt)

Sans Billou, ce film aurait eu 3 et n'aurait sans doute jamais mérité de figurer sur un écran de cinéma (j'exagère, je vais me contredire par la suite mais je m'en fous, Bill j'te kiffe, à 60 ans, je veux avoir ton swag #TeamMurray). Murray est un acteur magnifique, jamais tout à fait lui-même, jamais tout à fait le personnage qu'il incarne. Il se situe toujours dans cette ligne de flottaison et d'indécision qui brouille même notre perception du jeu d'acteur. Économe de gestes de son corps imposant et pataud mais d'une expressivité follement malicieuse, il est LE Roosevelt qu'il fallait pour narrer cette histoire regardant par le petit bout de la lorgnette un épisode méconnu de la Seconde Guerre Mondiale.

Le problème de Week-End Royal est à peu près le même que celui de Hitchcock, sorti très récemment : au fond, on s'en moque un peu de la petite histoire, qui occulte à chaque fois un arrière-plan beaucoup plus intéressant. Néanmoins, ce Hyde Park on Hudson n'est pas déplaisant, surtout dans ses deux premiers tiers. Absence de péripéties, scènes lentes qui permettent de bien dérouler les enjeux psychologiques qui lient les personnages, jeu d'acteur au poil (en même temps avec Laura Linney, Olivia Williams ou Olivia Colman, on prend pas trop de risques)... Mention spéciale aux deux excellentes séquences de tête à tête entre FDR et le roi George, puis entre ce dernier et bobonne, l'occasion de performances d'acteurs en forme de ping-pong verbal minimaliste, exercice où le film devient le plus intéressant à suivre. Ca ne flirte jamais avec les sommets, mais on suit cela avec intérêt, comme un très bon téléfilm de la BBC.

Ca n'occulte pas néanmoins la faiblesse de la mise en scène de Michell, notamment son incapacité (ainsi que celle de son chef op') à bien tourner les scènes dans l'obscurité, ce qui est un peu con quand 20 bonnes minutes d'un film qui en fait 90 se passent la nuit noire. Mais jusqu'à la dernière demi-heure, la radicalité pépère de ce film de l'ancien temps sent bon la patine vintage. Après malheureusement, ça pédale un peu sévère sur la fin, qui rentre dans les rails et s'avère nettement moins passionnante. Le film n'est finalement pas le ratage auquel on s'attendait, et s'avère même par moments fort sympathique. Mais ça reste du petit cinéma de tâcheron, pas fait pour marquer le spectateur au-delà de la nuit suivante.

Cependant, rien que pour avoir eu l'idée de Laura Linney donnant un coup de poignet à Bill Murray, Week-End Royal mérite la moyenne.

Créée

le 5 mars 2013

Critique lue 307 fois

Julien Lada

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