Sortez les parapluies et les mouchoirs.

Oui, « Welcome to Dongmakgol » déborde de guimauve, l'humour fait parfois dans l'absurde extrême en hommage aux mangas. Et les doigts d'une main ne suffisent pas pour relater les défauts, notamment un qui m'a gêné dans la première heure : la caméra tremblote quand il s'agit de filmer de l'action.

Mais ce film est avant tout une comédie tragique comme on en voit très peu.
Une surprise insolite que je suis heureux de surnoter en gage d'encouragement.

Une grande bouffée d'air frais dans le paysage coréen qui nous bassine de plus en plus avec ses histoires de vengeance et de serial killer méchant-pas-beau.

Jamais aucun film avant celui-ci n'avait donner autant l'impression de voir un Miyazaki avec de vrais acteurs. Que ce soit l'atmosphère fabuleusement poétique, les musiques qui connotent les nombreuses situations, ou les plans silencieux au milieu de décors presque invraisemblables de haut en bas de la montagne.

C'est sans parler de cette manière d'apporter des instants joyeux, et de les intervertir avec des instants plus dramatiques. J'ai eu l'impression de me retrouver dans Requiem pour un massacre, un récit qui monte crescendo, qui fait oublier la cruauté de la guerre le temps de quelques ballades, de quelques jeux... mais avec les bombes tueuses de civils innocents qui planent au-dessus des têtes.

Il y a une scène que j'ai particulièrement apprécié, celle où un sud-coréen repense à une mission douloureuse tout en étant allongé dans une étendue d'herbes que je n'ai d'ailleurs jamais vu plus verte qu'à ce moment. La mise en scène est forte, inventive, et dire que c'est le premier long-métrage de son réalisateur...

On sent le manque de moyens dans les effets spéciaux, mais Welcome to Dongmakgol s'en sort avec brio car il possède une "âme", il ose, il bouscule un chouïa... et même si tout n'est pas parfait, même en répondant à un cahier des charges, et même si on ne manquera pas de faire remarquer quelques fautes de goût, on tient là au moins une chose : un voyage. Il te fait du bien, te fout un punch qui vient du coeur et te détache de la réalité durant deux heures. Un voyage qui te dessine un large sourire sur ton visage et qui ne s'efface pas jusqu'à la dernière séquence, jusqu'à la mission chevaleresque des soldats coréens.

Au diable les enjeux politiques, aucune prolifération perverse ne résiste dans ce p'tit coin de paradis qu'est le village de Dongmakgol. Cet endroit laisse place à un conte d'une candeur contagieuse. On y renaît une deuxième fois.

http://www.youtube.com/watch?v=tAxGtcUTtKw&hd=1
Eren

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