Not So Pretty!
Que ce soit bien clair, je ne suis pas un grand fan du West Side Story de 1961 (reste que je l'ai aimé quand même dans sa globalité, en particulier parce que pas mal de compositions de Leonard...
Par
le 9 déc. 2021
67 j'aime
27
Plus besoin de citer le drame lyrique qu’est West Side Story, bouleversant récit shakespearien. D’abord fulgurant dès sa première adaptation en 1961, avec pas moins de 10 récompenses aux Oscars, il fut par la suite classé dans les 100 meilleurs films américains selon l’American Film Institute. Un classique du genre qui n’empêche pas à notre réalisateur préféré de relever le défi haut la main. Il devient de plus en plus évident que dès qu’une œuvre est signée de son nom, celle-ci naît d’office avec l’intention de marquer.
Car bien que l’œuvre originale ne soit jamais dénaturée, celle-ci fait peau neuve. Les deux acteurs principaux sont efficaces mais sont éclipsés par leurs seconds. Difficile de passer après Rita Moreno, Russ Tamblyn ou George Chakiris… et pourtant… Pourtant la relève est là. Surtout dans les noms d’Ariana DeBose et Mike Faist, respectivement Anita et Riff, qui sont l’un et l’autre d’une précision brute, parfaite, et n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs.
Là où Spielberg marque des points, c’est qu’il prend son temps. Guerres urbaines et pauvreté industrielle sont passées au peigne fin dans un regard plus actuel et illustrées magnifiquement aux quatre coins d’un grand spectacle vivant. Le rythme, lui, est conservé tout du long, avec une discipline et une maîtrise dont seul notre virtuose a le secret. D’une histoire aux thématiques aussi dures, son fidèle directeur de photographie joue avec ombres et lumières au travers d’architectures fanées et de danses polychromées. Un contraste qui donne au film un angle plus marquant, comme le fameux moment du duel, où les silhouettes des Jets et des Sharks s’entrecroisent avant le vrai face à face.
6 décennies inchangées
La réalisation est saisissante par sa volonté de marquer la violence. Bien que le papa de Jurassic Park ait pour habitude d’aborder des thèmes dramatiques, ici c’est tout autre chose. Pas besoin de mots quand les danses hurlent, voltigent et tourbillonnent. Pas besoin de discrétion quand on peut distinctement dénoncer une scène de viol et ce par celle qui soixante ans plus tôt se retrouvait dans la même mêlée. Ici on s’exprime haut et fort, ce qui rend cette adaptation aussi puissante que la première.
Quant aux lyrics de l’époque, elles ressortent métamorphosées, avec une énergie nouvelle, plus clinquantes, plus fortes. En particulier avec Somewhere, que Spielberg réadapte en solo comme la version originale de 1957 pour Broadway, et distribue à nulle autre que Rita Moreno qui offre l’une des scènes les plus émouvantes du film. Une jolie passerelle entre 1961 et 2021 qui a de quoi rassasier les amoureux de l’œuvre originale et plus encore.
For Dad
Le tout est d’une sincérité touchante qui se savoure du début à la fin. Une bulle dans laquelle Spielberg nous laisse entrer, comme une part de lui-même. Une œuvre extrêmement personnelle qu’il dédia à son père, grand adorateur de la production et décédé avant la fin du tournage. Plus qu’une lettre d’amour à son paternel, le réalisateur l’adresse au cinéma tout entier.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleures comédies musicales, Les meilleurs films de Steven Spielberg et Les meilleurs films de 2021
Créée
le 19 déc. 2021
Critique lue 82 fois
3 j'aime
D'autres avis sur West Side Story
Que ce soit bien clair, je ne suis pas un grand fan du West Side Story de 1961 (reste que je l'ai aimé quand même dans sa globalité, en particulier parce que pas mal de compositions de Leonard...
Par
le 9 déc. 2021
67 j'aime
27
Steven et Ridley mangent décidément à la même table : celle de l'éclectisme et de l'envie constante de cinéma. Après Ridley, par deux fois, c'est au tour de Steven renouer avec les salles...
le 8 déc. 2021
50 j'aime
13
(Attention spoilers possibles) Voilà... On ne pourra pas dire que je n'ai pas essayé. Je m'offusque toujours des gens qui critiquent sans voir, ça ne sera pas mon cas cette fois. Et quitte à le voir,...
Par
le 10 août 2023
31 j'aime
11
Du même critique
Un nouvel opus sur les aventures du plus grand archéologue du cinéma ne pouvait se faire qu’entre les mains de James Mangold, si ce n’était entre celles du géniteur Spielberg. Une hype méritée ou le...
Par
le 24 mai 2023
16 j'aime
5
Polar australien tout droit sorti des abysses de véritables faits réels, The Stranger détonne par son intelligence et son découpage méditatif sur la noirceur de l’âme. Un deuxième long-métrage plutôt...
Par
le 1 juil. 2022
11 j'aime
Haletante mise en scène de Jean-Stephane Sauvaire (Johnny Mad Dog) dans le chaos des rues de Brooklyn, au plus près de la violence miséreuse et pourtant quotidienne des infirmiers urgentistes, à la...
Par
le 24 mai 2023
10 j'aime