Gros et moche, renvoyons-le lui, ses bonnes intentions et ses mensonges chez lui... en charter...

Le problème de Moore, c'est qu'il est américain... et que forcément son "cinéma" (si on ose appeler ça comme ça) est profondément américain, avec toutes les mauvaises idées que ça implique dans l'absence totale de subtilité, de nuance et même d'intelligence. Exemple pour illustrer, Moore raconte des conneries sur les femmes, j'y reviendrai, et on se tape une série de portraits en plans fixes de femmes... avec une musique kitchouille derrière... Quel intérêt ? Pourquoi ? Comme si le portrait en lui-même ne suffisait pas. Comme si l'américain moyen était trop con pour ressentir quelque chose sans qu'on lui dise quoi...


Sinon, sur le film de manière générale, j'ai cru pendant 1h que ça n'allait pas être si mal que ça... Il faut savoir que je déteste Moore, que dans Sicko ses mensonges sur l'état providence français ne sont pas passé du tout (par exemple), bien que je lui accorde de bonnes intentions.


Ici c'est pareil, on nous refait le coup des congés payés, sauf que cette fois c'est en Italie, Moore fait semblant d'être surpris... et les italiens font semblant d'être surpris de découvrir que l'Amérique c'est tout nul en fait... Et il fait ça dans chaque pays, toutes les situations sont exagérées à outrance... Comme si la pire cantine scolaire française ressemblait véritablement à un truc bio, équilibré, etc. J'en ai fait des cantines et si ça n'a jamais la tête de la bouillie américaine qu'il nous montre, ça reste immangeable parfois.


Alors pourquoi je dis que j'ai cru que ça n'allait pas être si mal ? Eh bien pour l'intention justement, si en vrai Moore aurait pu rester dans un seul pays (ou en voir deux-trois max tant ce qu'il décrit semble normal en Europe), l'idée de montrer qu'en fait les USA sont les seuls à ne pas appliquer des règles de bien être élémentaires je la trouve bonne. Alors oui, il rosit le tableau, parce qu'aller en Allemagne et venir demander si certains ont un deuxième ou troisième emploi et tout le monde dit non, ce n'est plus vrai dans l'Allemagne actuelle... On a quand même des gouvernements qui sabotent l'état providence et il a beau montrer les manifs étudiantes un peu partout en Europe lorsque le gouvernement fait quelque chose de mal pour montrer que "nous" on se révolte... c'est juste une vaste blague, on le sait nous que ceux qui vont manifester sont des petits bourgeois et qu'il n'y a pas un seul prolo.


Mais disons que quelque part ça fait du bien de voir une image profondément positive de son pays, même si elle est fausse. Et c'est ça qui manque actuellement, pas que je veuille à présent me faire le défenseur du positivisme, mais se rendre compte de ce qui va, de ce qui est bien dans notre système actuel et comment le préserver face à tous les abrutis bien libéraux qui veulent devenir Président en 2017...


En fait ce film c'est un peu le pendant américain de "Demain" de Mélanie Laurent. Sauf que Mélanie Laurent, bien que son film était assez naze, assez manichéen également, allait expliquer économiquement comment fonctionnaient certaines idées, et même le cheminement de la pensée était plus pertinent. Ici Moore fait juste un tour bête et méchant des pays européens...


Un tour qui ne va pas chercher bien loin, qui manque de précision, de chiffres, parce que moi je veux bien légaliser toutes les drogues (ou du moins dépénaliser la consommation) comme au Portugal... pourquoi pas ? Mais pourrait-on avoir des statistiques de ce que ça fait sur la consommation ? sur l'évolution des addictions, etc ? Là on te présente un truc, on te dit que c'est la solution, et puis c'est tout... ok, mais je suis un sceptique... donc non je ne te crois pas, je veux des preuves... alors que je ne suis pas fondamentalement opposé à l'idée en elle-même.


Ce film s'adresse avant tout aux américains, qui ne savent donc pas comment ça se passe en Europe réellement et qui ne vont pas aller vérifier... parce que nous on sait bien qu'en France ce n'est pas comme dans le film, donc on se doute que toutes les prisons ne sont pas comme ça en Norvège, que toutes les usines ne sont pas comme en Allemagne (on m'a raconté de ces trucs sur les polonais qui vivaient dans des bidonvilles à la frontière avec la France pour cultiver des asperges... pendant que chez eux ils font venir des ukrainiens...) et surtout qu'un gosse en France tu lui proposes du Coca il se jette dessus, et que les slovéniens savent ce qu'est une "dette"...


Donc même si l'intention est louable... on nous prend vraiment pour des cons finis et ça c'est intolérable. Autant Demain tablait un peu sur l'intelligence de son public, bien qu'en réalité c'était surtout à la réalisation que ça n'avait pas l'intelligence de comprendre et d'aller en profondeur... autant là... c'est du foutage de gueule.


Mais comme dit, si jamais ça peut pousser les américains à manger plus sainement, à avoir une vraie sécurité sociale, à vivre tout simplement mieux... pourquoi pas ? Ce document ne m'était pas destiné, je ne suis pas américain... et si dans leur idiocracie c'est ce qu'il faut pour faire changer les choses... qu'y puis-je ?


Seulement voilà... après ça part totalement en couille... on arrête de parler bien être pour parler féminisme et détestation de soi... Je l'ai vu venir avec ses gros sabots... le mec va à Nuremberg... forcément il faut qu'il parle du nazisme, de comment les allemands doivent tous les jours (sic) se souvenir et ne pas dire "ça n'a rien à voir avec moi je n'étais pas né". Mais mon Dieu ! Que les américains regardent un peu leur propre génocide des indiens d'Amérique, ok, l'idée est louable... mais faut pas non plus se flageller tous les jours pour un crime que tu n'as pas connu. C'est très communautariste comme vision des choses (et féministe également) où l'homme blanc est responsable de tous les maux et doit expier...
Donc nous avons nos ancêtres qui sont gaulois, les allemands étaient tous nazis et les américains tous esclavagistes...


La crise financière c'est eux, l'esclavage... le nazisme... tout ça c'est des hommes... les femmes elles sont solidaires, pour la paix... si ce n'est pas un pamphlet pour Hillary Clinton (pour la guerre en Irak, l'intervention en Libye... je ne m'y connais pas...)


Mais pire encore, on nous balance des absurdités sur la testostérone des "traders", sur les bien faits des femmes dans le monde de la finance... En fait si le film semblait avant être vraiment axé sur un état providence fort, il rappelle brutalement que l'état providence n'exclut en rien l'économie de marché. Et on précise bien "c'est pas du communisme qu'on fait". Il ne faudrait pas faire peur au ricain moyen...


C'est quoi cette absurdité sur les vertus féminines ? (tu parles avec une féministe tu te fais engueuler parce qu'elle te sortira qu'il n'y a pas de vertu féminine qui ne sont pas construites socialement) Après, moi je suis d'accord pour dire qu'il y a des vertus féminines, je m'en fous... mais venir opposer les femmes aux hommes, c'est d'une connerie sans limite... presque autant que de faire croire à cette fameuse solidarité féminine... Alors qu'on sait bien qu'il n'y a pas plus méchant avec une femme qu'une autre femme... Comme le disait Schopenhauer, lorsqu'une femme rencontre une autre femme elle voit une rivale, il y a de l'animosité.


Surtout que là, autant mentir pour que les américains puissent accéder à la scolarité gratuite, à une nourriture plus saine, etc, ça a un sens... autant se flageller quotidiennement sur l'esclavage et mettre que des femmes partout... je n'en vois absolument pas l'intérêt...


J'ai plus l'impression qu'il a envie d'être dans l'air du temps, tout en restant bien patriotique, car il rappelle bien que toutes les idées européennes sont en fait des idées américaines... hum hum... mais bien sûr... (il nous balance le Michigan qui est le premier à avoir aboli la peine de mort ou je ne sais pas quoi... idée tellement américaine que Robespierre l'a eu avant...) et là on se tape le magicien d'Oz, dans une sorte de gang bang perché au possible et totalement ridicule.


Ce qui rend se film, qui ne veut pas faire de mal, absolument insupportable, avec ces gros plans gerbants, sa musique triste et tous ses mensonges qui finissent par écœurer, car si au début flatter un peu l'égo de l'européen et de son mode de vie c'est bien sympa, lorsque ça devient un mensonge total et que ça veut faire imposer tout et n'importe quoi, sans réfléchir...


De toute façon, bien que j'avais des réserves, Tocqueville avait donné la solution au problème de la "race" aux USA et du fait que forcément les blancs considèrent les noirs comme "inférieur", à "enfermer" (source des lois anti drogue d'après Moore, j'ai pas vérifié, mais vu que rien n'est vrai dans le film...) : le métissage... l'aversion étant trop profonde pour que le problème soit réglé autrement... même si forcément ça fait grincer des dents. Ou sans parler de métissage forcément, créer un peu de mixité sociale... ça ferait un peu de bien... (après tout on ne va pas forcer les gens à se reproduire avec des gens qu'ils n'aiment pas)
Mais ça serait bien qu'en France on n'en arrive pas là... à avoir cette unique solution tant certains montent des ethnies les unes contre les autres en jouant sur les communautarismes...


Mais dans tous les cas que Moore ne s'étonne pas si en Italie on fait plus l'amour que lui aux USA... car c'est l'un des types les plus dégueulasse qui soit...

Moizi
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le 28 sept. 2016

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Moizi

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